Les objectifs des agriculteurs du réseau Dephy ferme écophyto sont de faire évoluer leurs systèmes de culture vers une réduction d'utilisation des produits phytosanitaires. Témoignage lors de la journée Innov'Action du jeudi 15 juin, à Soudan.
Depuis 2010, le réseau Dephy fermes écophyto regroupe des agriculteurs, de la région de Châteaubriant, désireux de réduire l'utilisation des produits phytosanitaires.
En parallèle du travail d'accompagnement, collectif et individuel, des exploitations engagées dans ce réseau par l'ingénieur réseau Emmanuel Mérot, des actions de communication sont aussi menées pour démontrer et diffuser les avancées du groupe.
C'est dans cette optique que Thierry Chantebel, du Gaec Maine Atlantique de Soudan et membre du réseau Dephy, a témoigné lors de la demi-journée Innov'Action du jeudi 15 juin. Les réflexions conduites pour tendre vers une réduction d'utilisation des produits phytos, dans cette exploitation, se portent sur plusieurs leviers, actionnables sur différentes échelles de temps.
Plusieurs leviers d'actions
Tout d'abord et à très court terme, une réflexion a évidemment été
portée sur l'optimisation des produits et des doses apportés sur les
différentes cultures.
Ce volet Efficience comprend aussi une attention
particulière sur les conditions d'application des produits (T° et H°).
Suite à des formations et de l'accompagnement, le Gaec Maine Atlantique a
acquis plus d'autonomie dans ses décisions. En effet, la reconnaissance
des bio-agresseurs et une meilleure connaissance des seuils
d'intervention permettent de moins utiliser de phytos.
D'autres
leviers sont aussi actionnés dans cette exploitation, relevant d'un
processus de « substitution » du chimique par du mécanique ou de la
génétique, voire de la lutte biologique.
Classiquement, du désherbage
mécanique est mis en œuvre dans l'exploitation sur maïs. Cette
demi-journée technique a d'ailleurs été l'occasion d'aborder et de
montrer différents outils de désherbage mécanique : houe rotative et
bineuse.
Le choix de variétés de blé et de colza tolérantes aux maladies
et résistantes à la verse permet aussi de très fortement réduire
l'usage des fongicides, voire de faire l'impasse sur les régulateurs.
Ensuite,
sur une échelle annuelle, certains itinéraires techniques sont revus.
Par exemple sur le blé, c'est une combinaison de leviers qui permet la
réduction des phytos : dates de semis plus tardives (30 octobre en
moyenne sur les six dernières campagnes), densités de semis réduites
(210 g/m²), choix variétaux plus adaptés, voire mélanges de variétés,
apports d'azote plus tardifs et objectifs de rendement, non pas revus à
la baisse mais réalistes.
En colza, le Gaec Maine Atlantique sème
beaucoup plus tôt qu'auparavant en privilégiant des semis entre le 15 et
le 20 août, avec un apport de déjections au semis et un mélange de
variétés, afin d'obtenir un colza très vigoureux dès l'automne, capable
de couvrir rapidement le sol et de résister aux attaques de divers
insectes.
Enfin, sur une échelle de temps plus longue, les rotations
ont été modifiées et allongées avec, par exemple, l'introduction de
luzerne et de prairies temporaires dans des parcelles qui ne tournaient
auparavant qu'en culture.
Si les conditions climatiques et la
pression des bio-agresseurs varient chaque année, entraînant des
ajustements annuels nécessaires, l'objectif est de mettre en place un
système de cultures robuste, grâce aux différents leviers agronomiques,
facilitant ainsi l'usage des phytos uniquement en dernier recours.
Précisions quant à l'expression
Le Gaec Maine Atlantique est engagé depuis 18 mois dans une conversion à l'agriculture biologique.
L'article ci-dessus retrace donc la démarche du Gaec vis-à-vis des phytos : il a commencé par réduire leur utilisation, en les employant « en dernier recours », comme le suggère le titre de l'article.
Il a été aidé en cela par sa participation au groupe Dephy écophyto.
Ensuite, le Gaec a entamé une conversion à l'agriculture biologique, laquelle sera définitivement actée en mai prochain.