Le sursemis de prairie est une technique qui consiste à introduire de la semence fourragère dans la prairie sans détruire la flore initiale. Le principe est séduisant car il permet d'améliorer la flore par des espèces et variétés à haut potentiel, à moindre coût et tout en continuant à exploiter la parcelle.
Le sursemis de prairie reste une technique délicate car elle exige le respect de quelques règles simples pour se donner toutes les chances de réussir.
Le vieillissement (à long terme ou prématuré) d'une prairie installée se matérialise par :
- l'apparition de zones de sol nu et d'espèces nouvelles : cela contribuera à accélérer la déperdition fourragère car ces « trous du couvert végétal » vont être comblés par des espèces sans intérêts fourragers (dicotylédones et graminées) ;
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une diminution de la productivité de la prairie (de 2 à 3 tMS/ha) ;
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et une dégradation de la qualité de l'herbe : les graminées prairiales de bonnes valeurs alimentaires comme les ray-grass vont régresser pour laisser place à de la houlque laineuse ou de l'agrostis stolonifère de moindre valeur.
Ce vieillissement est souvent lié à la combinaison de plusieurs facteurs qui font évoluer de façon prématurée la végétation, comme :
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la pratique d'un surpâturage estival combiné à une sécheresse marquée ;
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un pâturage de début printemps sur des sols humides ;
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un changement dans le mode d'exploitation, comme l'enrubannage précoce substitué par des foins tardifs sélectionnant ainsi les espèces à épiaison précoce (pâturin commun) ;
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une sous ou surfertilisation aura aussi un impact à plus long terme en modifiant la flore (explosion des pissenlits au printemps par exemple). Les rumex (à feuilles obtuses et crépues) sont aussi indicateurs d'excès de nitrites ;
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des matières organiques qui se dégradent mal dans le sol (anaérobiose, fossilisation) ;
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des sols décarbonatés, décalcifiés ou carencés en calcium.
Pourquoi 
le moment est idéal ?
Parce qu'en cette fin d'été la terre
est chaude (25 °C) et les flores en place sont beaucoup moins
concurrentielles qu'au printemps.
Le sursemis à cette période permet aussi de semer dans des parcelles habituellement moins portantes.
Les parcelles doivent être bien pâturées, très rases.
L'autre élément de réussite est l'humidité. Quelques bonnes rosées
matinales peuvent suffire mais les pluies sont plus appropriées (les
pluies de ce début septembre seront nettement favorables à la
germination).
Trois éléments de réussite sont alors réunis : humidité, chaleur et accès à la lumière pour les jeunes plantules.
Le
dernier élément de réussite est un bon contact terre-graine. Pour cela,
il faut faire un peu de terre fine, ouvrir le sol par un griffage ou
les sillons du semoir. La solution dépendra du type de matériel
utilisé : semoir à disques, hersage et semis à la volée, plus ou moins
dirigé selon le matériel. Dans tous les cas, il faut assurer ce bon
contact terre-graine par des rouleaux de type Cambridge, Cultipackers,
voire Croskillettes ou même par quelques jours de piétinement par les
animaux après le sursemis.
Il faut surveiller lors du semis à quelle profondeur se situe la graine (idéal 1 cm).
Quelle densité ?
La
qualité de l'enherbement sera assurée par la densité de semis.
Il est
évident que cette technique reste aléatoire et la densité ne devra pas
être minimisée.
- Dans le cas de repeuplement de TB, 3-4 kg/ha
conviennent.
- Avec des graminées type ray-grass, 20 kg de semences/ha
sont un minimum.
Autre technique
On peut aussi opter pour le
sursemis de légumineuses avec l'épandage d'un fumier typé compost sur la
prairie.
La matière organique va faire bénéficier à la graine de
conditions de germination améliorées (humidité, contact sol-graine
amélioré, disponibilités minérale et oligo).
Cette technique de
réimplantation de la prairie ne fonctionne pas si la prairie est très
fortement dégradée (peu ou pas de légumineuses, beaucoup de dicots
vivaces type chardons, rumex, présences importantes d'autres astéracées à
rosettes comme la porcelle enracinée…).
Le sol recevant la graine doit
aussi être en bon état d'aération, pas ou peu compacté.
De la surveillance
Une
fois le sursemis réalisé, il faut surveiller la levée.
Si les
conditions sont favorables à la pousse, il faut que les jeunes plantules
ne soient pas étouffées et qu'elles aient accès à la lumière.
Il faut
alors passer un coup de broyeur ou faire pâturer.
Quelles espèces semer ?
Il
faut donner la priorité aux espèces qui s'implantent vite : les
ray-grass anglais, hybrides, voire italiens.
Même si le ray-grass
italien est peu pérenne, il est très facile à sursemer et peut présenter
un compromis intéressant lorsque la prairie est fréquemment dégradée.
Il
faut penser aussi aux légumineuses dont le choix de l'espèce se fera en
fonction du mode d'exploitation prévu et du type de sol par rapport à
l'eau.
Il est intéressant d'observer quelles sont les espèces déjà présentes ; on peut alors penser qu'elles sont adaptées au milieu.
Le trèfle blanc et le trèfle hybride sont plutôt adaptés au pâturage ; le trèfle violet et le lotier plutôt à la fauche.
Pour
les autres espèces comme la fétuque élevée, la fétuque des prés, le
dactyle et la fléole, la réussite est un peu plus difficile car ces
espèces s'implantent moins vite. Il faut donc être encore plus vigilant
sur la surveillance de la repousse de l'ancienne flore.