Magazine - À Nantes, les premières Rencontres pour parler bières et houblon bios

Début février s’est rassemblé à l’Hôtel de région à Nantes, la fine fleur du monde du houblon de France lors des premières Rencontres du houblon, organisées par France Houblon.

Houblonniers, brasseurs, porteurs de projets, établissements de formation ou professionnels en lien avec la filière du houblon avaient rendez-vous début février à Nantes pour deux jours de Rencontres du houblon, dans l’enceinte du conseil régional des Pays de la Loire.

Au programme de ces deux journées, initiées par Houblon de l‘Ouest et Inter Houblon (filière France Houblon), en partenariat avec la Région, on trouvait un atelier participatif, qui a permis aux professionnels de réfléchir aux moyens à mettre en œuvre dans trois grands domaines : le marché, la promotion et la recherche et le développement.

Accueillis dans le grand hall d’honneur du bâtiment, où s’étaient installés des stands commerciaux(1) en lien avec le monde brassicole, les participants se sont répartis dans des ateliers qui leur permettaient d’aborder d’autres thèmes et notamment : « La structuration régionale de la filière et retours d’expériences » ; « La biodiversité au service de la production du houblon et de la résilience des milieux agricole » ou « Attentes des brasseurs et brasseuses pour les houblons de demain ».

En alternance avec les ateliers, étaient également proposés des tables rondes et des exposés en séances plénières sur différents aspects de la filière Houblon en France et en Europe (lire l’encadré sur l’expérience slovène). Les objectifs clairement affichés de ces Rencontres visaient à structurer la filière française, développer la sensibilisation auprès des brasseurs et consommateurs, améliorer les pratiques liées à la culture du houblon et débattre de sujets sur le houblon en France et en Europe.

Ces échanges entre professionnels se sont conclus vendredi 2 février en fin d’après-midi par une synthèse générale et un débat interprofessionnel sur la mise en perspective de la filière face aux enjeux actuels.

Yvelise Richard

1) Lors des moments de pause, les participants pouvaient discuter avec les représentants de ces stands commerciaux : Biofil (ficelle de tuteurage en cellulose, 100 % compostable) ; Biomat (semences bios, produits alimentaires pour animaux, engrais pour les sols) ; Mon grain (pour la valorisation des céréales biologiques) ; l’Institut français des boissons de la brasserie et de la malterie (IFBM) et son catalogue de formation ; Koppert (spécialiste de la lutte contre les acariens tétranyques) ; Interbio des Pays de la Loire ; Houblons de France…
 

En Slovénie, un modèle d’économie circulaire et durable

Vendredi 2 février, la docteure slovène Barbara Ceh a exposé une présentation sur le « développement durable et économie circulaire : l’expérience de la filière houblon slovène », dans le cadre du projet Life BioTHOP, menée à l’Institut du Houblon de Slovénie. La docteure Ceh a présenté cette expérimentation réalisée à partir d’une ficelle de tuteurage de tiges de houblon, compostable, « bio plastique », mise au point par l’Institut. Une fois récupérées après récolte du houblon, ces ficelles sont intégrées dans la biomasse avec les tiges de houblon et transformées en matières réutilisables, sous forme de granulés.
Ces derniers peuvent alors être transformés, par extrusion, en emballage (pour bouteilles de vin ou pour conditionnement de tomates) ou en pots de fleurs. Ceux-ci sont réexpédiés en Slovénie pour préparer les plantations des nouveaux pieds de houblon et auront la particularité d’être 100 % compostables, après cette seconde vie.
Ce cercle vertueux a cependant une limite, puisque TechnoPackaging, la société de transformation des granulés en pots de fleurs, se situe en Espagne, à quelques milliers de kilomètres de la Slovénie.
Précisons qu’avec 2 800 tonnes de houblon récoltées par an et 1 671 ha de surface implantée en houblon, la Slovénie est le quatrième pays producteur de houblon en Europe et sixième dans le monde. La bière est une tradition longue (160 ans) dans ce pays qui dispose, en outre, d’une École de la bière, d’un Institut du houblon et deux principales grosses brasseries (auxquelles s’ajoutent des microbrasseries).

Houblon bio : une filière un peu en peine

La deuxième intervention du vendredi matin portait sur l’état des lieux de la filière du houblon biologique en France et était animée par Christian Renault, de la société AND International pour l’Agence Bio. Celui-ci a présenté les résultats d’une enquête menée par sa structure auprès des houblonniers bio, des brasseurs bio (270 enquêtes(1)en ligne envoyées dont 112 retournées) et des organismes d’appui au développement et structures professionnelles.
Cette enquête a permis d’établir un état des lieux de la filière bio, en termes de besoin, de production, de qualité et de prix.
Avec 500 000 hl de bière bio par an, le marché bio français fait figure d’une goutte d’eau parmi la production française de bière et ses 23,5 millions d’hectolitres : « un segment de faible taille » comme l’a qualifié Christian Renault, qui n’aime pas « parler de niche ». Rappelant quelques chiffres, l’intervenant a évoqué le potentiel de marché de l’ordre de 110 t de houblon bio dans notre pays par an. En 2021 en France, le houblon bio représentait 205 ha et le houblon conventionnel 20 415 ha. Une production encore bien insuffisante : 68 % du houblon bio utilisé en brasserie est importé ; 21 % étant produit en France. Les deux grandes régions brassicoles restent l’Alsace et le Nord. Mais le fournisseur principal de houblon bio pour les brasseries françaises est l’Allemagne. Ce qui n’est pas vraiment un problème pour le moment, le prix moyen du houblon bio allemand demeurant pour l’instant inférieur au français !

1) On estime à près de 300 brasseries et microbrasseries avec une production bio en France contre 90 en Allemagne.