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Pont de Cheviré - Paroles d’agriculteurs, sur le front de Cheviré

Le 02/02/2024 à 16:00 I Soyez le 1er à déposer un commentaire
Pont de Cheviré - Paroles d’agriculteurs, sur le front de Cheviré

Les agriculteurs se sont relayés entre mardi et jeudi : voici quelques échos de la mobilisation.

Mathieu Boutellier

Éleveur laitier et polyculture à Sainte-Pazanne, en EARL avec un salarié

« On en a ras-le-bol des contraintes qu’on veut nous imposer. Pour mon exploitation, elles concernent les prairies permanentes : d’une part, on m’oblige à renforcer le pourcentage de mes prairies permanentes et d’autre part, on nous oblige à « casser nos prairies » de plus de cinq ans, — et alors qu’elles nous ont coûté plutôt cher (environ 200 € de l’ha)-, en plus au moment même où elles commencent à produire et à être intéressantes. Si on ne les « casse pas », elles passent en prairies permanentes et on ne peut plus rien faire dessus. Ce qui est triste, c’est qu’on nous tient par les aides et par la menace du contrôle, si on ne respecte pas ce qui est imposé. On ne peut plus produire ce qu’on a envie. Par ailleurs, l’État met en place la loi ÉGAlim qui n’est pas respectée par les entreprises de l’agro-industrie ni par les laiteries. Elles trouvent des moyens de calcul des coûts de production - différents de nôtres - et avec des réponses du type de celle de notre laiterie l’an dernier : « comme la viande bovine est payée plus cher, vous avez gagné plus, donc on n’a pas besoin d’augmenter le prix du litre de lait. On peut même le baisser. » Ce qui veut dire qu’aujourd’hui, nous agriculteurs, on n’a pas le droit de gagner notre vie. Dès qu’on peut gagner un peu plus, on nous le retire. J’en veux aux agro-industriels qui contournent la loi, sans être soumis à aucun contrôle ni sanction de la part de l’État. »


Anne-Claire Goyer

Maraîchère en tomates à Bouaye, en SCEA

« En agriculture, on a des charges toujours plus importantes, des normes toujours plus exigeantes et des prix qui peinent à compenser tout ça ! Dans la filière Légumes, on a une grosse pression des importations sur nos différents produits, notamment sur les tomates. L’import à bas prix nous pénalise, en tirant nos prix vers le bas. Ce qui motive ma présence aujourd’hui sur le pont, c’est la solidarité avec l’ensemble des filières agricoles ainsi que la problématique dans le domaine des fruits et légumes, où on est hyper-challengé par les importations à bas prix. Or, le légume français coûte plus cher à produire. Pour le consommateur, cela peut être plus compliqué de choisir le produit français, que celui d’import. D’autant que, souvent, l’origine des autres produits, en face, n’est pas toujours explicite ! Le consommateur souhaiterait parfois acheter français, mais on lui cache souvent l’origine étrangère des légumes : par exemple, les tomates marocaines que l’on trouve à toutes les saisons en France et qui sont cueillies par des salariés, payés à 1 € de l’heure, alors qu’en France, on est à 14 € de l’heure.  Nous demandons que l’origine soit mieux identifiée, plus voyante pour que le consommateur se repère aussitôt.Ce n’est pas nouveau, cela fait plus de 20 ans qu’on dénonce cette concurrence déloyale : ce n’est juste pas entendu. Aujourd’hui, on s’associe aux blocages pour se faire entendre. On ne demande pas d’aide financière mais juste à vivre de la vente de nos produits, payés un prix qui nous permette de vivre ! »


Sonia Legal,

Éleveuse en charolais, à Sainte-Reine-de-Bretagne. En Gaec à deux avec son mari

« Mon mari fait le travail à la ferme, s’occupe des enfants et moi, je rejoins les autres agriculteurs sur le blocage.  On réclame plusieurs choses : que la loi ÉGAlim soit respectée par toutes les parties (et pas que nous agriculteurs). Que l’on revienne sur les mesures environnementales, du type Entretien des haies, interdit du 15 mars au 15 août ; sur les jachères que l’Europe nous impose de laisser (les 4 %) ; ou bien, sur le retrait des accords du Mercosur. Enfin, les importations de produits alimentaires qui ne respectent pas les conditions de production qu’on impose aux agriculteurs français. Dans notre exploitation, on est impacté par tous ces points ! »
 


Vincent Gauthier

Éleveur bovin à Treffieux en production laitière et en viande, Gaec à trois associés

« Je suis arrivé sur le blocage, mercredi matin après le travail dans l’exploitation, pour relayer les agriculteurs déjà présents. On se fait des relèves pour assiéger le pont de Cheviré. Ce qui me motive aujourd’hui, c’est le mouvement général. C’est la lutte contre l’asphyxie que nous imposent les normes, en tous sens et de tous bords, quelle que soit la production qu’on fasse. Ces normes donnent trop de contraintes aujourd’hui. »


Benoit Normand

Éleveur laitier et polyculture à Rouans, Gaec à trois associés

« On se relaie avec mon associé pour bloquer le pont. Auparavant, j’étais déjà présent sur le blocage du Bignon. Comme je l’ai écrit sur ma pancarte : « on veut nourrir, on veut pas mourir ». On a tout le temps des normes qui évoluent, on doit toujours en faire plus… Y a toujours une info à donner, une signature sur un formulaire à compléter, une norme nouvelle qui s’ajoute… Ce n’est pas comme cela qu’on donnera envie à des jeunes de venir rejoindre la profession d’agriculteur. Comment les attirer si on nous met des contraintes et que les aides traînent aussi à être versées ?  Je pense aussi aux marges importantes de la grande distribution : qui ne sont ni à l’avantage du producteur ni du consommateur. Les autres personnes, non-agriculteurs, nous soutiennent. Ma femme travaille en milieu hospitalier, où on nous dit qu’on comprend le mouvement des agriculteurs.

Propos recueillis par Yvelise Richard

   

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