Avec le projet Sécuritruie*, la chambre d’agriculture Pays de la Loire étudie l’impact de la domestication des cochettes sur leur comportement lors des interactions avec l’éleveur au cours de leur carrière de truie reproductrice.
À la ferme expérimentale des Trinottières (49), pour apprivoiser les femelles dès leur arrivée en quarantaine, nous distribuons un appât qui peut être soit une boisson (sirop) soit un aliment (aliment 1er âge sevrage précoce).
Domestication en deux étapes
Les cochettes sont livrées toutes les dix semaines par lots de douze femelles de deux âges différents. La domestication se déroule en deux temps en dehors des périodes de repas habituels. D’abord une étape de « découverte » une semaine après leur arrivée puis une étape de « renforcement », trois semaines plus tard. La phase de « découverte » s’effectue à travers la barrière sans entrer dans la case des cochettes.
La phase de « renforcement » s’effectue dans la case au contact des cochettes. Elle est généralement très rapide (deux à cinq minutes) car les animaux reconnaissent l’appât qui leur a déjà été présenté. Cette phase est répétée toutes les trois semaines durant le séjour des femelles en quarantaine, si possible avec des opérateurs différents. Quel que soit l’appât utilisé, la plupart des cochettes se laissent facilement caresser même s’il y a parfois un individu plus craintif. Toutefois, l’aliment peut générer davantage de bousculades car plusieurs femelles veulent manger en même temps dans le seau. La méthode de domestication utilisée permet de dissocier l’appât de l’opérateur. Cette méthode vise à faciliter les interventions qui seront réalisées par du personnel extérieur à l’élevage et non familier des animaux (technicien, vétérinaire).
Premiers retours d’expérience
Pour les déplacements collectifs, les femelles suivent assez naturellement un opérateur portant un seau avec des granulés d’aliment grâce au bruit familier produit. Ce ne sera pas forcément le cas avec un bidon de boisson sucrée, qui ne produit aucun son reconnaissable. Dans le cas des déplacements individuels, l’utilisation de l’appât quel qu’il soit peut aider au franchissement d’un obstacle en apportant une motivation supplémentaire à l’animal.
La distribution de l’appât permet d’immobiliser suffisamment longtemps une cochette non bloquée (en liberté dans une case par exemple) pour réaliser une intervention individuelle (comme une échographie). Si la cochette est seule dans la case, n’importe lequel des appâts peut faire l’affaire. Dans le cas où plusieurs cochettes sont présentes dans une case, la boisson sucrée sera plus efficace pour immobiliser un seul animal à la fois. Avec l’aliment, plusieurs femelles veulent manger en même temps dans le seau, ce qui pourrait être contre-productif en générant davantage de bousculades.
FLORENCE MAUPERTUIS
>> Chambre d'agriculture Pays de la Loire
*Le projet Securitruie est cofinancé par le conseil régional Pays de la Loire et le Casdar (fonds PRDA). Il a reçu le soutien du RMT Travail. Il rassemble plusieurs partenaires : la chambre d’agriculture Pays de la Loire, la ferme expérimentale porcine des Trinottières et trois organismes associés au comité de pilotage (la chambre d’agriculture de Bretagne, la MSA 49 et l’Inrae). Les résultats complets du projet seront disponibles début 2025.