Concours - En route vers les championnats du monde

Sacré champion de France de la compétition WorldSkills, dans la catégorie « maintenance des matériels » en 2023, Johan Beillevaire est en lice cette semaine aux championnats du monde.

Manche de tee-shirt « bleu-blanc-rouge ». Ce n’est pas un effet de style mais bien la marque officielle de sa qualité de champion de France en « maintenance des matériels », dans la compétition WorldSkills qu’il a obtenue à Lyon, en 2023. Johan Beillevaire est « tombé dedans » tout petit, puisque son père possède une entreprise dans le secteur, à la Limouzinière, AB44 services. Pas encore ses dix ans sonnés que le petit Johan scrutait déjà l’intérieur des tracteurs, des pelles ou autres engins, pour en comprendre le fonctionnement. Sa voie était toute tracée… sauf que le jeune homme de 20 ans a un autre truc en plus qui coule dans les veines, le goût de la compétition. 

Une première tentative en MOF

Alors en Bac pro Maintenance des matériels agricoles, au lycée professionnel de Narcé, en Maine-et-Loire, Johan décide de tenter l’aventure de Meilleur ouvrier de France. Il décroche l’or en départemental, régional mais ne se hisse pas sur la première marche du podium national. Mais un aspect de cette épreuve ne le satisfait pas totalement : « on ne concourt pas sur les mêmes machines, ce n’est pas vraiment équitable. Lors de la remise des médailles, le WorldSkills a été présenté et j’ai décidé de m’y inscrire. Cette fois, tout le monde est sur les mêmes machines avec les mêmes pannes », explique Johan. Il poursuit son cursus scolaire en BTS Maintenance des matériels de construction et de manutention, en alternance à Sodem manutention. En 2023, il devient champion de France. Pour autant, il faudra encore montrer ses capacités lors d’une ultime épreuve. « Il y a eu une nouvelle compétition en interne pour départager les trois premiers du championnat de France WorldSkills, pour vérifier que ce n'était pas un coup de chance. J’ai terminé premier et j’ai pu intégrer l’équipe de France ». Pendant un an, Johan va vivre une expérience incroyable autant professionnellement que personnellement. Lui qui aime la compétition a été servi avec un entraînement de haut niveau sur une année.

Direction l’Insep

En ligne de mire, les championnats du monde ! À l’heure où vous lisez ces lignes, Johan est en train de chercher la panne sur plusieurs machines à Lyon. C’est l’aboutissement d’un travail intense où il a dû apprendre le fonctionnement de plusieurs machines de six marques différentes. Évidemment, chacune a ses particularités. « Toute l’année, je me suis entraîné avec un expert métier chez les constructeurs, dans les concessions pour travailler la maintenance. J’ai appris à utiliser les logiciels de diagnostic de chaque marque, l’électricité, l’hydraulique des différents niveaux, la compréhension des schémas de chaque marque… ». Mais l’entraînement ne s’est pas limité à la montée en connaissance. Un autre programme attendait Johan, une préparation physique et mentale. On entre dans le dur ! Trois déplacements ont ponctué son année : un à Carroz d’Arâches, au Creps de Nantes et le plus marquant, au cœur du sport de haut niveau en France : l’Insep. Avec une soixante d’autres champions de France de tous les métiers, ils ont éprouvé leur physique avec Joël Abati, près de 200 sélections en équipe de France de handball. Ils ont aussi amélioré leur alimentation et la récupération. La préparation mentale a aussi été explorée. « On a appris à gérer nos émotions, le stress et l’anxiété avec des techniques de visualisation… pour ne pas avoir peur de l’inconnu, anticiper le moment de la compétition », se rappelle le jeune homme. Son entraînement l’a conduit au Canada pour se mesurer à ses homologues d’Outre-Atlantique dans leur épreuve nationale, en mai, histoire de se mettre dans les conditions réelles d’une compétition. Il a décroché la première place « hors-catégorie » puisqu’il ne pouvait intégrer le classement national canadien. Et pendant ce temps-là, son autre vie continue. Et Johan, avec un « match » à l’extérieur et deux décalages horaires dans les « pattes », révise dans l’avion car dès le lundi matin, il passe des contrôles pour son BTS ! « Toutes les semaines, on a bougé. C’était une année très mouvementée. J’ai dû travailler beaucoup de mes cours seul, j’ai raté 270 heures de cours »… Ce qu’il ne l’a pas empêché d’obtenir son BTS.

Une année exceptionnelle dans sa jeune vie

Cette année, Johan s’en souviendra toute sa vie ! « C’est génial. En un an, j’ai gagné dix ans d’expériences professionnelles. J’ai eu accès à tellement de formations, j’ai vu tellement de constructeurs, avec un programme énorme. J’ai rencontré des personnes auxquelles je n’aurai jamais pu avoir accès sans cette compétition. Ça ouvre son champ de vision », estime le champion de France. Et puis, il y a les coups de chance : obtenir le titre national l’année des Jeux olympiques à Paris. Johan a été invité à la cérémonie d’ouverture des JO ! 

Après cette année incroyable, Johan va travailler chez la Sodem puis intégrer l’entreprise familiale… mais on ne chasse pas le naturel comme cela. Son truc à Johan, « c’est de trouver et réparer les pannes le plus vite possible quand les clients sont pressés ». L’adrénaline !

Delphine Cordaz