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Conférence - L'agriculteur, un entrepreneur qui a besoin de liberté
Le 10/10/2023 à 16:30 I
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Alors que le secteur agricole cherche à attirer des jeunes, futurs chefs d'exploitation, pour relever le défi démographique, la FRSEA des Pays de la Loire a proposé une après-midi de réflexion sur les ressorts de l'entrepreneuriat en agriculture intitulée « Le goût d'entreprendre en agriculture ». L'agriculteur est-il un entrepreneur comme les autres ? Quoiqu'un peu philosophique, la question mérite d'être posée, car il en va de l'attractivité du secteur vis-à-vis des jeunes qui, de l'extérieur, peuvent parfois avoir le sentiment que l'agriculteur subit les mêmes contraintes que les chefs d'entreprise d'autres secteurs, comme les notions de prise de risque et d'engagement financier par exemple, sans pour autant toujours en tirer les mêmes bénéfices et la même stature. Pour y répondre, la FRSEA des Pays de la Loire s'est entourée de spécialistes en la matière, à commencer par Vincent Lefevre, enseignant chercheur à l'école supérieure Audencia, mais aussi Samuel Tual, président du groupe Actual et du Medef Pays de la Loire. « Un chef d'entreprise, quel que soit le domaine d'activité, c'est d'abord quelqu'un qui veut être auteur de sa vie », formule d'entrée le patron du Medef régional. « C'est quelqu'un qui cherche à développer, à apporter des solutions, poursuit-il, donc de ce point de vue là, vous êtes à part entière des chefs d'entreprise, avec cette singularité agricole, en plus, qui est que vos entreprises sont aujourd'hui plus que jamais porteuses de sens, ce que recherchent les jeunes. C'est une chance incroyable que vous avez et qu'il vous faut saisir ». Samuel Tual, à la tête du groupe d'interim Actual qui compte 3500 collaborateurs et réalise 1,6 milliard de chiffre d'affaires, distingue deux types d'entreprises : « les financiarisées et les patrimoniales ». « Vous faites partie de la 2e catégorie, celle où la notion de pérennité l'emporte, où on ne cherche pas à faire des coups à court terme, car in fine ce qui compte, c'est de transmettre, et ça, ça a du sens !" Pour Vincent Lefevre, le monde de l'entreprise a « d'ailleurs beaucoup à apprendre du monde agricole », d'abord sur « les gains de productivité qui ont été accomplis par votre secteur, mais aussi sur votre capacité à collaborer ensemble » à travers l'entraide, les Cuma, etc. Retrouver la « liberté d'entreprendre »Mais alors comment donner ou redonner envie aux jeunes d'entreprendre en agriculture ? Autour de la table, deux agriculteurs, dont un jeune, Simon Martin, installé depuis deux ans en production laitière sur la commune de Chemillé-en-Anjou (49), et Christophe Chambon, lui aussi éleveur laitier, mais dans le Doubs, qui intervenait en tant que secrétaire général adjoint de la FNSEA. « Je me sens pleinement entrepreneur, entrepreneur du vivant même », témoignait Simon Martin, « car il faut tellement de compétences aujourd'hui pour faire ce que nous faisons, de la gestion, de l'agronomie, de l'environnement, du sanitaire, des ressources humaines, etc. Nous mériterions même d'obtenir un diplôme d'ingénieur par validation d'acquis ! », plaisante-t-il. Pour son aîné, être entrepreneur, c'est « aussi aujourd'hui la capacité que nous avons à nous dégager à la fois un revenu mais aussi une vie sociale, qui nous permet d'être pleinement intégrés à la société, et c'est l'ambition que nous portons à la FNSEA ». Pour autant, tous fustigent cette sur-administration galopante qui freine les velléités du plus entreprenant des entrepreneurs. Et pour la patron du Medef, cela touche l'ensemble des secteurs : « Nos entreprises sont assommées de contraintes et de réglementations qui nous infantilisent », lance-t-il. « Par ailleurs, pour entreprendre, on a besoin de visibilité dans le temps. Or c'est devenu très compliqué quand les règles du jeu changent tous les six mois ! Et vous en savez quelque chose, vous les agriculteurs ». Les agriculteurs présents dans la salle boivent du petit lait... « On a tous à la base le goût d'entreprendre, mais quand on voit l'affaiblissement de la ferme France, c'est un goût qui devient parfois un peu amer », témoigne ainsi le secrétaire général de la FRSEA, Mickaël Trichet. La FNSEA, qui a fait de l'entrepreneuriat en agriculture le thème de son rapport d'orientation 2023, met au contraire en avant les valeurs de la liberté d'entreprendre « c'est-à-dire privilégier à la fois la responsabilité du chef d'entreprise, au contrôle systématique, mais aussi qu'on nous donne les conditions de cette liberté, en stoppant par exemple toutes ces distorsions de concurrence qui nous empêchent d'avancer comme on devrait pouvoir le faire dans des conditions équitables », explique Christophe Chambon. Et c'est à Winston Churchill, cité par le président de la FRSEA Dominique Rousseau dans sa conclusion, que reviendra le mot de la fin : « On considère le chef d'entreprise comme un homme à abattre, ou une vache à traire. Peu voient en lui le cheval qui tire le char ». À méditer. ARNAUD FRUCHET - Agri 72
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