Eau - « Un système incohérent »

La préfecture a publié un nouvel arrêté sécheresse qui a pris effet le 12 août. Le texte place le Côtier Breton (hors secteur réalimenté par la Loire), la Logne, l’Ognon et Boulogne en alerte renforcée.

Un arrêté préfectoral, signé le 8 août et mis en application le 12 août, augmente le niveau d’alerte de deux secteurs (eaux superficielles) : Côtier Breton (hors secteur réalimenté par la Loire) et Logne – Ognon – Boulogne (eaux superficielles sans relation avec le lac de Grand-Lieu). Ces zones sont passées de « vigilance » à « alerte renforcée ». La Maine passe aussi en « alerte ». Pour les eaux superficielles, sont classées en vigilance les zones suivantes : Vilaine, Oudon, Erdre amont, Erdre aval, Affluents Nord Loire, Affluents Sud Loire, Loire, Brière-Brivet, Côtier Breton (secteur alimenté par la Loire), eaux superficielles en relation avec le lac de Grand-Lieu.

Mais pour François Michaud, élu FNSEA 44, les zones pourraient même être en situation de crise. Ce n’est pas une provocation mais une façon de dénoncer un système qui n’est pas adapté à la réalité du terrain. « J’ai l’impression que l’administration nous ménage car ils savent qu’ils sont en porte-à-faux sur le sujet, c’est ce qui me laisse perplexe. Les seuils de débit ne sont pas bons, ils sont incohérents. C’est tout le système hydraulique qu’il faut revoir. Il faudrait peut-être se baser plus en profondeur, aller sur des systèmes de piézomètre pour avoir des données plus justes. Il faudrait que tout le monde se mette autour de la table pour réaliser un vrai travail afin de construire un système gagnant-gagnant pour l’ensemble des usagers de l’eau. Mais quand on soulève la question, on nous répond que rien ne peut être fait avant la fin des études HMuc et les PTGE* », s’insurge François Michaud. 

Le contexte de très forte pluviométrie des derniers mois rend la gestion de l’eau encore plus ubuesque. « Avec 1 300 mm en dix mois, avoir un arrêté sécheresse… Ce n’est pas possible ! », constate François Michaud. Il s’inquiète aussi pour l’avenir quand le protocole de connexion-déconnexion sera opérationnel. « Avec ce protocole, certains irrigants ne pourraient plus arroser avant même le début de la période estivale. Il nous est arrivé d’être en restriction dès le mois de mai. Je ne sais pas comment certains agriculteurs vont faire. L’irrigation permet de sécuriser son système d’exploitation. Pour ceux qui auraient des étangs connectés, ça remettrait en cause la viabilité de celle-ci ». 

L’eau, sujet brûlant

« L’eau est un sujet de plus en plus clivant, déplore François Michaud. Ça fait des années qu’on ne nous écoute plus, voire qu’on remet en cause nos expertises de terrain ». Les dossiers pour créer des retenues collinaires s’épaississent. « En Loire-Atlantique, la DDTM est particulièrement tatillonne ! Pourtant, on parle de changement climatique, où il y aura de plus en plus de moments de sécheresse et une pluviométrie moins linéaire. Il nous faudra bien stocker l’eau quand elle se présentera ». Espérons que de nombreux arrêtés sécheresse ne seront pas rédigés avant que ce message de bon sens soit entendu.

Delphine Cordaz