Formation continue - L’eau : premier aliment du cheptel

Céline Peudpièce, docteure vétérinaire à la chambre d’agriculture Pays de la Loire, est intervenue pour un groupe d’agriculteurs sur la thématique : gérer la qualité de l’eau sur mon élevage en lien avec le bien-être animal*. Blandine Delahaye, conseillère en élevage à l’initiative du projet de formation, témoigne.

D’où est venue l’idée de proposer une formation sur l’eau d’abreuvement ?

Blandine Delahaye : L’eau est le premier aliment en quantité que consomment les animaux et finalement, on y prête souvent moins d’attention qu’à la qualité d’un fourrage. Les agriculteurs la font analyser mais ne savent pas trop pourquoi et ne savent pas quoi tirer comme conclusion lorsqu’ils reçoivent les résultats de l’analyse. Est-ce qu’elle est bonne ou pas ? A-t-elle un impact sur la santé de mes animaux ? Faut-il faire des investissements pour améliorer sa qualité ?

Suite à cette formation, y a-t-il des changements de pratiques qui ont été envisagés par les participants ?

Certains utilisent des traitements de l’eau - type chlore ou peroxyde - et peut-être qu’ils n’en n’ont pas besoin. D’autres se sont rendu compte qu’ils ne font pas les analyses au bon endroit. On a aussi beaucoup insisté avec Céline, sur l’importance de la quantité d’eau à disposition des animaux. Certains ont remis des abreuvoirs ou des bacs à eau depuis. Car au-delà de la qualité, cette approche par le besoin, la quantité est essentielle. Beaucoup de conseillers disent qu’il faut remettre de l’eau, je pense qu’après cette formation, les participants ont encore mieux compris pourquoi.

En tant que conseillère en élevage, qu'avez-vous trouvé le plus intéressant dans cette formation ?  

Toute cette approche sur la quantité d’eau, le volume que ça représente. C’était très intéressant de pouvoir le recalculer avec les agriculteurs présents, au cas par cas. Et aussi cette approche de l’analyse. On en voit passer plein. Mais qu’est-ce que cela veut dire : les coliformes, le pH, etc. ? En quoi c’est important ? Maintenant, quand je vois des analyses, je peux dire : « ce résultat, c’est peut-être la cause de diarrhées sur tes veaux ou de problèmes sanitaires sur tes porcs ».

En quoi la quantité d’eau est-elle importante dans tous les élevages ? 

On entend les médecins dire qu’il faut boire un litre voire deux litres d’eau par jour. Pour les animaux c’est tout à fait similaire. Les muscles contiennent 80 % d’eau. Un jeune animal, c’est 80 % d’eau globalement dans le corps. Donc si on n’apporte pas suffisamment d’eau on ne peut pas exprimer pleinement le potentiel de croissance ou d'engraissement de l’animal.  

Un manque d’eau, c’est aussi un facteur de stress, de risques. C’est aussi une moindre régulation thermique lorsqu’il fait chaud. Le lait, c’est 90 % d’eau, on l’entend dire souvent, mais en fait tous les animaux sont concernés.  

Il faut aussi penser à l’accès à l’eau. La formation s’est déroulée le 13 décembre, les abreuvoirs étaient gelés. C’est gênant, même s’ils ne sont gelés « que » cinq ou six heures par jour. L’eau doit être disponible en permanence pour les animaux.

*Durant une journée de formation, les participants ont identifié les liens entre l’accès à une eau de qualité et en quantité suffisante et la santé des animaux. 

Propos recueillis par Sophie Combes - Chambre d’agriculture Pays de la Loire