Une réunion destinée aux éleveurs avicoles a été organisée jeudi 17 mars à Arthon-en-Retz. L’objectif était de répondre aux questions des éleveurs tout en faisant un point sur l’état d’avancement de la crise.
C’est dans une atmosphère particulière, et après le passage du rotoluve et pédiluve, que 150 éleveurs et des représentants des banques, entreprises de ramassage de volailles, syndicats, entreprises d’aliment et coopératives se sont retrouvés lors de la réunion d’information organisée par la chambre d’agriculture, pour échanger sur la crise de l’influenza aviaire.
« L’objectif de cette réunion est d’informer de l’état d’avancement de la crise et de répondre aux questions des éleveurs. La chambre d’agriculture est à l’écoute des agriculteurs et a pour mission de recenser leurs besoins », introduit Alain Bernier, président de la chambre d’agriculture Loire-Atlantique.
La Loire-Atlantique est le deuxième département le plus touché par la crise , après la Vendée, avec 76 foyers d’influenza aviaire. Pourtant, les volailles sont claustrées depuis le mois de novembre, soulignent les éleveurs. « La claustration des animaux a pour but de maintenir la biosécurité autour des élevages. La grippe aviaire, c’est la rencontre du virus avec un cheptel, et son réservoir, c’est la faune sauvage. La mise à l’abri des volailles limite les risques de contact entre la faune sauvage et le cheptel, mais ne les élimine pas », répond Guillaume Chenut, directeur de la Direction départementale de la protection des populations (DDPP).
Les éleveurs s’inquiètent du dépeuplement demandé par le ministre. « Pour le moment, on n’est pas sur un dépeuplement de zone globale, mais sur du dépeuplement autour des sites stratégiques de génétique ou de reproduction. Si vous êtes proche d’un de ces sites, effectivement tout sera dépeuplé, quels que soient le mode de production et les espèces. On privilégiera toujours une valorisation à l’abattoir. Si on ne peut pas valoriser en C2, C3 ni en consommation humaine, il y aura destruction des animaux », affirme Guillaume Chenut.
La période d’épandage arrivant à grands pas a suscité beaucoup de questions puisque, d’après les arrêtés, l’utilisation de fumier et de lisier de volailles est interdite. « Les effluents issus de lots contaminés doivent impérativement être assainis avant leur utilisation car le virus peut y survivre jusqu’à 60 jours », informe Patrick Louis, responsable Élevage à la chambre d’agriculture de Loire-Atlantique. Certains éleveurs ont également soulevé la question de la méthanisation pour valoriser les effluents contaminés. « Les méthanisations mésophiles ne peuvent pas méthaniser des effluents contaminés car elles restent à des températures de 40°C. En Loire Atlantique, on a qu’une seule unité de méthanisation avec un système permettant de chauffer à 70°C, température à laquelle le virus est détruit, et elle se trouve en zone indemne. Il faut favoriser les assainissements sur place, avec du chaulage ou un délai de latence », répond Cyril Pietruszewski, responsable Environnement à la DDPP.
« Toute la filière est concernée par cette crise »
Alain Bernier et Christophe Labour, responsable avicole à la FNSEA 44, alertent que le manque de volailles sur le territoire va entraîner le chômage technique des abattoirs et des entreprises de ramassage de volailles. Fabienne Bourmaud, qui possède une entreprise en ramassage de volailles, a pris la parole sans dissimuler son émotion. « Aujourd’hui, j’ai 35 salariés qui ne travaillent plus le vivant. Depuis quinze jours, ils ramassent 320 tonnes de volailles chaque jour pour sauver leur emploi. Si demain on ne leur propose que 60 % de chômage partiel, ils partiront ailleurs et ne reviendront pas. Si on veut continuer à ramasser les volailles pour les éleveurs après la crise, il faut qu’on obtienne 100 % de chômage partiel. » Pierre Barbéra, directeur adjoint de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) souhaite rassurer les entreprises en précisant que « dans les aides prévues par le ministère de l’Agriculture, il y a une aide pour les entreprises de la filière volailles, dont les conditions vont être précisées dans les jours à venir. On est là pour vous écouter et faire remonter l’ensemble de vos demandes au niveau national, pour calibrer au mieux ces aides ».
Johanna KERSCHENMEYER