L'Earl Joliavi, implantée à Assais-les-Jumeaux (79), teste depuis le début de l'année l'éclosion à la ferme. Un investissement dont le coût s'élève à 35 000 euros. Plusieurs gains sont constatés.
Au sein du groupe coopératif Terrena, Jérôme Gloriau fait figure de pionnier. Il fait en effet partie des cinq éleveurs à tester le concept X-Treck, commercialisé en France sous la marque 'Ecloferm'. Développé en 2004 par la société néerlandaise Vencomatic, l'objectif de ce système est de permettre l'éclosion des œufs au cœur des bâtiments d'élevages. Les poussins ont ainsi directement accès à l'eau et à la nourriture : leur développement intestinal et le système immunitaire seront par conséquent stimulés. Par ailleurs, exit le stress du transport ou encore de la manutention.
Un environnement plus sain
« L'éclosion à la ferme, on ne pensait pas que cela pouvait arriver un jour. Ce concept sera-t-il généralisé demain ? Alors, lorsque nous avons appris que Terrena cherchait des volontaires, nous avons décidé de prendre le wagon en marche et d'expérimenter. Nous voulons évoluer dans le métier et on a clairement sauté sur l'occasion », explique l'éleveur.
Concrètement, des plaques chacune contenant 150 œufs incubés à 18 jours sont disposées sur un système de rails. Celui-ci est exposé à l'aide d'un treuillage - à l'air libre, assurant dès lors un flux d'air optimal. Tout est automatisé, il suffit simplement d'appuyer sur un bouton. Le regard reste cependant essentiel. Il faut en effet veiller à ce que la température des œufs soit maintenue à 38 degrés. Le réglage de la hauteur de l'appareil permettra d'ailleurs de l'ajuster ; le flux d'air peut l'être de la même manière.
Le système est composé de deux niveaux. Après l'éclosion, le poussin se dirige vers un niveau inférieur. « Le poussin est humide. Ce deuxième niveau est composé d'un plastique épais pour favoriser le séchage. Cela permet aussi d'effectuer une transition et d'éviter un choc thermique. En haut, la température était de 38 degrés, elle sera de 33 degrés sur la litière. Pour y accéder, le poussin bénéficie d'un passage », commente encore Jérôme Gloriau. Dès que la phase d'éclosion est terminée, c'est à l'éleveur d'enlever les coquilles d'œufs. L'appareil, quant à lui, reste fixé au plafond. Mais il peut être relevé afin de ne pas gêner les animaux et l'éleveur lors de la suite du cycle de production.
Aujourd'hui, seul l'un de ses trois bâtiments est équipé. Un deuxième est prêt à l'être. Mais Jérôme Gloriau attendra encore quelque peu. 35 000 euros est la somme nécessaire pour doter une structure d'un tel outil.
Des premiers gains relevés
Pour autant, l'éleveur paraît tout de même satisfait, voire convaincu, au regard des premiers résultats constatés. « Cette installation contribue au bien-être animal. Les poussins sont très calmes, on ne les voit pas par exemple sauter sur l'aliment. Ils sont beaucoup plus paisibles et en meilleure santé. Et mieux produire, c'est aussi mieux manger », souligne-t-il notamment. Le taux de mortalité à 10 jours est en baisse (on passe de 2 % à 1 %) ; l'indice de consommation passe à 1,6 (contre 1,7). Le gain moyen quotidien est quant à lui situé entre 51 et 52 g (contre 50 g auparavant).
L'éleveur apporte également moins de compléments alimentaires. « Il n'y a pas besoin de les booster, ils se débrouillent seuls », indique-t-il. Moins de saisies (malformation, griffures) sont constatées dans les abattoirs. Le taux d'éclosion se situe pour sa part entre 95 et 97 %. « L'ambiance serait un plus, il y a également davantage de volume d'air », précise-t-on aussi. Enfin, l'éclosion peut être programmée un dimanche. « Ou même un jour férié. On gagne alors un jour de production, nous ne sommes pas obligés d'attendre le lundi. La coopération, c'est aussi du travail en commun », souligne-t-il.
Un nouvel équipement qui a également un impact sur l'image même de l'exploitation. « Nous voilà naisseur-engraisseur. C'est intéressant vis-à-vis des consommateurs, la traçabilité est totale », note-t-il aussi. Ce système ne semble pas seulement attirer les clients. Plusieurs éleveurs, et même des vétérinaires, n'hésitent pas à pousser la porte de l'exploitation afin d'en savoir plus sur ce système peu connu encore dans l'Hexagone.