La FNB a tenu son conseil fédéral jeudi 2 septembre à Paris. L’occasion de faire un point sur la bonne conjoncture économique actuelle, et de réaffirmer qu’il faut qu’une telle conjoncture entraîne une hausse des prix payés.
« La conjoncture est bonne, il y a de moins en moins de viande et de plus en plus de demande. Les prix grimpent partout en Europe. Alors pourquoi ne grimpent-ils pas en France ? » Bruno Dufayet et Cédric Mandin, président et secrétaire général de la FNB, en sont rapidement arrivés à cette question lors du conseil fédéral de la FNB à Paris début septembre.
Et bonne, la conjoncture l’est belle et bien. Les abattages sont dynamiques, le manque de bêtes des opérateurs (notamment en vaches laitières) joue favorablement sur l’évolution de la cotation moyenne de la vache viande française (R=), qui prend + 0,14 € depuis le début de l’année. L’export se porte bien lui aussi, avec une progression de 4% vers l’Italie par rapport à la même période l’an dernier. « Malgré tout, on reste encore très loin du coût de production, officiellement passé à 5,10 €/kg carcasse sur le premier semestre 2021, précisent Bruno Dufayet et Cédric Mandin, notamment du fait de la hausse des matières premières dont les céréales. Mais attention, ne nous trompons pas de discours : ce ne sont pas les céréales qui sont payées trop chers, c’est bien la viande qui ne l’est pas assez ! »
Continuer de faire pression sur l’aval à l’envoi des bêtes
« Il est incompréhensible que la loi de l’offre et la demande s’appliquerait partout et pour tout sauf pour la viande bovine », dénonce David Moisan, responsable de la section viande bovine FNSEA 44. « Aujourd’hui, tous les facteurs de la conjoncture sont au vert, et quand on a plus de demandes et moins de produit, le prix doit automatiquement monter en conséquence ! » Pourtant, les élus nationaux comme départementaux ne souhaitent pas relancer tout de suite d’appel à rétention ou d’actions collectives après celles du début de l’été. « Nous n’avons malheureusement pas tous les pouvoirs. Si la section interpelle sur tous les plans et organise des actions collectives, il n’en reste pas moins que sur le terrain certains acteurs de l’aval continueront, à échelle individuelle, de faire preuve de mauvaise foi », affirme David Moisan. « L’heure n’est donc pas à l’action collective, mais plutôt à la responsabilité individuelle. L’herbe est là, les animaux au besoin peuvent être gardés une ou deux semaines de plus : nous appelons donc tous les éleveurs à ne pas laisser partir leurs bêtes à n’importe quel prix. Qu’ils gardent les animaux, qu’ils fassent jouer la concurrence privés/coop ou entre privés, qu’ils valorisent par des circuits courts, etc. Tout est envisageable et chacun doit faire au mieux, mais il s’agit aujourd’hui d’un devoir d’éleveur de ne plus laisser partir à 3,80 €/kg EQC un animal qui vaut 5,10 € /kg EQC. »
La contractualisation obligatoire au centre des enjeux
En parallèle de cet appel à chacun, le syndicat continue son travail auprès des élus locaux, notamment les sénateurs, en vue de l’examen de la proposition de loi Besson-Moreau, dite Egalim 2. La FNB se positionne en faveur de cette PPL, tout en appuyant la création d’un tunnel de prix avec plancher et plafond sur tout contrat, afin de donner une vraie visibilité sur ses prix à l’éleveur. Là où de nombreux acteurs de l’aval voudraient que passer les contrats soit « l’exception » et que personne ne soit obligé, la FNB maintient une forte pression pour l’inverse : que tout le monde soit dans l’obligation légale de passer les contrats mais réserver le droit, pour certaines filières et avec accord express de l’ensemble de l’interprofession, de s’en affranchir pour partie. « La FNB assume pleinement le changement de pratiques que cette contractualisation obligatoire entraînera dans son secteur. Mieux encore, elle l’appelle de ses souhaits et souhaite qu’elle entre en vigueur le plus rapidement et le plus largement possible », conclut une note de travail rédigée par la section nationale.
Signature : Delphine Barel