L’assemblée générale de la section 44 de l’Union des Cuma s'est tenue le 28 janvier dernier, avec pour thème principal les transitions alimentaires et agroécologiques. Structures collectives de territoires, les Cuma figurent parmi les acteurs les mieux placés pour réussir ces transitions.
C’est à une intervention un peu « décapante » qu’ont assisté les quelque 130 personnes réunies le 28 janvier à Guémené-Penfao, à l’occasion de l’assemblée générale de la section de Loire-Atlantique de l’union des Cuma des Pays de la Loire. Durant une petite heure, Sylvain Doublet, ingénieur de l’association Solagro (1), leur a présenté le scénario Afterres 2050, qui propose une vision de ce que seront les secteurs agriculture, alimentation et forêt dans 30 ans.
Afterres, un scénario solide
Loin d’être militant ou technocratique, ce scénario construit par les experts de Solagro a mobilisé des scientifiques, des agriculteurs, des acteurs de l’alimentation, de l’agriculture, de l’’énergie et du climat. Il est en quelque sorte le « meilleur modèle », pour satisfaire les besoins en alimentation, en énergie et en habitat du pays, dans le respect des écosystèmes, des contraintes territoriales et des objectifs de santé publique. Parmi les contraintes, il intègre (entre autres), la division par deux des émissions de GES, par trois de la pression phytosanitaire, par deux du gaspillage alimentaire, et il respecte les repères nutritionnels établis par le Haut conseil de la santé publique.
« Une agriculture de matière grise »
Même s’il prévoit de petites révolutions qui peuvent choquer aujourd’hui le monde agricole (deux moins de protéines animales dans les assiettes !), ce scénario le met au cœur des solutions, avec une prévision d’un maintien du nombre d’agriculteurs. Il s’appuie sur les modes de production existants (agriculture bio, agriculture de conservation et conventionnelle), et prévoit leur évolution sous contraintes climatiques, humaines, environnementales.
Quels que soient les systèmes, tous vont se perfectionner vers un meilleur respect du sol, tous allongeront leurs rotations, et mettront en place des couverts végétaux. Afterres mise beaucoup sur la complémentarité entre productions animales et végétales, et intègre aussi la production d’énergie, via la méthanisation, comme facteur d’ajustement et de résilience des systèmes agricoles (pour le consulter : afterres2050.solagro.org).
« L’agriculture pratiquée sera une agriculture de matière grise, basée sur les savoirs et leur transmission », résume Sylvain Doublet, "qui devra miser sur la formation, le conseil et sur les groupes d’agriculteurs qui échangent entre eux». Or, des groupes d’agriculteurs qui échangent entre eux : c’est justement ce que sont les Cuma !
Un rôle central pour les Cuma
Pour Evelyne Guilhem, présidente de la Fédération des Cuma de l’Aude et vice-présidente de la FNCuma intervenant lors de cette assemblée, à l’heure où la transition est devenue indispensable, il est temps de faire évoluer les missions des Cuma : « Nous sommes plus que des groupes où l’on échange du matériel, nous portons des projets de territoire !' Et de poursuivre : « Nous avons une chance incroyable, nous avons gardé le lien de proximité que n’ont plus les grandes coopératives agricoles ».
L’agricultrice a fait elle-même sa petite révolution au sein de sa fédération départementale, en embauchant des personnes plus axées « gestion de projets » que « machinisme ». Et elle implique ses administrateurs dans des projets de territoires, comme la lutte contre les friches, le développement de nouvelles filières locales, la création d’un abattoir mobile (en lien avec l’abattoir local). Pour réussir leur mission d’amener les adhérents vers l’avenir agricole, "les Cuma doivent développer des alliances" avec des partenaires comme le conseil départemental, ou encore le monde de l’enseignement supérieur et de la recherche.
(1) Depuis 35 ans, l’association Solagro s’intéresse aux transitions énergétiques et agroécologiques. Indépendante, oeuvrant dans la prospective mais aussi dans l’accompagnement de projets concrets, l’association emploie 30 personnes.