Le grand rendez-vous de la production horticole et pépinière s’est tenu à Nantes du 10 au 12 septembre. Ces filières sont de plus en plus impliquées dans des pratiques écoresponsables.
Pour sa 34e édition, le Salon du Végétal avait choisi de se recentrer sur sa mission première : la valorisation de la production végétale, de sa naissance (filière amont) à sa commercialisation (la distribution). Du 10 au 12 septembre, les obtenteurs, les producteurs et les distributeurs spécialisés s’étaient donc donné rendez-vous au Parc des expos de la Beaujoire à Nantes, pour des échanges, des rencontres et des rendez-vous prospectifs techniques, entre professionnels du Végétal.
Mais comme tous travaillent aussi pour les consommateurs, pour la première fois, le salon a décidé de leur dédier une demi-journée : « Les attentes des consommateurs sont au coeur de la réflexion des professionnels, le salon leur ouvre ses portes pour permettre cette opportunité d’échanges entre consommateurs et professionnels », confie Jean-Eric Ponthou, le commissaire général du Salon.
La réponse à ces attentes de garanties d’origine, d’éco-responsabilité et de qualité, via l’innovation, c’est aussi tout le propos du concours Innovert® l’un des événements phare du Salon. Son palmarès a été délivré la veille de l’ouverture.
Mottes en vrac
Parmi les innovations primées : le bar à fraises imaginé par Cerdys. Surfant sur la mode du vrac déjà très répandu en alimentaire, Cerdys propose un étal composé de différentes mottes de variétés de fraises certifiées AB. Le consommateur est invité à composer son propre mélange de variétés en se servant directement en mottes. Sans conditionnement plastique, les mottes sont préhensibles et munies d’une bague variétale avec Gencod pour le passage en caisse.
Autre innovation primée cette année et coup de cœur du jury : le Teucrium fruticans Curaçao® des Pépinières La Forêt. Basée aux Sorinières, aux portes de Nantes, cette entreprise se félicite d’avoir été la première pépinière de France à obtenir le label HVE, il y a deux ans. Elle envisage à présent de convertir une partie de son exploitation en bio.
Cette démarche écoresponsable était une évidence pour cette entreprise productrice de jeunes plants située très en amont de la filière. Mais un sacrée gageure au niveau technique, car elle élève plus de 2000 variétés de plantes différentes. « Nous sommes comme les agriculteurs, nous devons bien connaître la biologie de nos plantes, leur fertilisation, leurs ravageurs, nous devons savoir intervenir au bon moment, et nous sommes, comme eux, très dépendants de la météo ! », relate Emilie Carré, ingénieure horticole et directrice adjointe de la société.
Beaucoup d’observations, de réflexions et de formation des personnels, sont donc mises au service de cette démarche écoresponsable, sans perdre de vue la nécessité de produire de la qualité et de la beauté : le Teucrium fruticans Curaçao qui vient d’être récompensé est le fruit d’un long travail de recherche, issu d’une hybridation entre deux variétés existantes. Le résultat est une plante qualifiée de moderne, résistante à la sécheresse et aux maladies, et dont les fleurs, larges et d’un bleu électrique, sont réputées particulièrement attirantes pour les abeilles.
Transition agroécologique dans l’enseignement agricole aussi
Un espace du Salon du Végétal était dédié au recrutement et à la formation, très importants pour ces filières spécialisées. Plusieurs conférences ont été organisées, dont celle de Régis Triollet, du réseau Hortipaysage et Educagri, autour de l’évolution de l’enseignement agricole.
« Pour la première fois depuis 10 ans, les effectifs sont en hausse ». En cette rentrée 2019, l’enseignement agricole compte 138 000 élèves, 35 000 étudiants et 35 000 apprentis. Une augmentation résultant, selon Régis Triollet, des bonnes campagnes de communication, réalisées autour de « l’aventure du vivant ».
Préparer les futurs professionnels au contexte dans lequel ils vont travailler : la mission des établissements est délicate, tant le secteur agricole est en mutation. Régis Triollet explique que le rapport à la nature change : il ne s’agit plus d’œuvrer « contre elle », mais de l’accompagner.
Les référentiels de formation évoluent : « On n’est plus dans des modèles descendants, on ne donne plus de fiches techniques pour produire. L’enseignant devient un accompagnateur : il apprend aux élèves à observer, à comprendre et à adapter leurs choix. Il ne présente plus « un modèle », mais une diversité de modèles, avec leurs avantages et leurs limites. ».
Et d’évoquer de nombreuses expériences mises en place dans les exploitations des lycées agricoles, qui incitent les élèves à réfléchir et découvrir des systèmes « plus complexes et équilibrés » : des associations arboriculture/maraichage, ou encore aquaculture/horticulture, des bandes fleuries non productives dans les serres pour héberger les auxiliaires, l’utilisation de films biologiques bactériens protecteurs, l’agroforesterie, l’écopâturage… Selon Régis Triollet, l’enseignement agricole ne communique pas suffisamment sur toutes ces expérimentations. Pour les découvrir : www.adt.educagri.fr.
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