Cinq enseignes de la grande distribution s’engagent avec la chambre d’agriculture Pays de la Loire et la CCI Nantes Saint-Nazaire à la promotion et au développement des produits locaux en grande surface.
« C’est une démarche importante car nous n’avons pas toujours vu la chambre d’agriculture, la chambre de commerce et d’industrie et cinq enseignes de la grande distribution côte à côte. »
Ce 2 décembre, les présidents des deux chambres consulaires départementales, Alain Bernier et Yann Trichard, ont signé une charte d’engagement œpour promouvoir et développer les produits locaux dans les grandes et moyennes surfaces (GMS) de Loire-Atlantique” avec Stéphane Houssin pour Intermarché, Pascal Claret pour les magasins U, Laurent Ploquin pour Leclerc, Olivier Morabito pour Carrefour et Christophe Jolivet pour Auchan.
La crise sanitaire et la période de confinement ont « entraîné une désorganisation des filières et des circuits avec la fermeture de la restauration hors domicile et le changement des habitudes de consommation et des pratiques d’achats. Au début, nous avons vu des ruptures d’approvisionnement dans les GMS alors même que certains produits pouvaient être fournis par des producteurs locaux », a relevé Alain Bernier. Face à ces constats, la CCI Nantes Saint-Nazaire et la chambre d’agriculture des Pays de la Loire ont réuni différents acteurs de la distribution pour répondre, ensemble, à ce nouvel enjeu pour les producteurs et les consommateurs.
« Il existe une peur naturelle quand un producteur se retrouve seul face à une grande surface », a noté Yann Trichard. Cet engagement devrait permettre de réorganiser les filières en favorisant les circuits locaux, de créer du lien entre producteurs et vendeurs et de fluidifier les relations. « Cette charte va rassurer les producteurs pour qu’ils n’aient pas d’appréhension à revenir vers nous. Nous sommes interdépendants et nous avons des intérêts communs donc nous avons tout à gagner à travailler ensemble », a insisté Pascal Claret de Système U.
Acteur du territoire
Le développement de cette confiance entre producteurs et vendeurs a été au cœur des discours des cinq distributeurs présents. Olivier Morabito de Carrefour a tenu à préciser que « les enseignes reçoivent chaque personne. Un producteur peut se rendre directement dans un magasin pour signer un contrat. Ca peut se faire très rapidement ». Stéphane Houssin d’Intermarché a réaffirmé, quant à lui, le « devoir de communication pour informer les consommateurs. C’est notre rôle de faire en sorte que ces produits locaux soient identifiés ».
D’autant plus que la production et la consommation locales « ont un impact sur l’économie et l’emploi du département », a rappelé Christophe Jolivet d’Auchan. Yann Trichard l’a confirmé en chiffres : « Il y a 29 millions de foyers en France. Si chacun ajoute un euro sur la consommation locale, c’est 29 millions d’euros par semaine. Ce circuit peut créer 12 500 postes sur un territoire, c’est donc un moyen de créer des emplois pérennes en Loire-Atlantique. »
Pour que chacun s’y retrouve, cette charte engage ces cinq enseignes à œproposer une période test et une politique de prix partagée visant à satisfaire les deux parties”. Le rôle des deux chambres consulaires est d’informer les producteurs locaux des attentes et opportunités des enseignes de la distribution, de les accompagner et de les référencer. Un comité de pilotage va suivre la mise en place de cette charte et sera garant de son bon fonctionnement et de son respect par tous les signataires.
« Des producteurs sont venus vers nous au cours de l’année 2020. Nous discutons en toute transparence du prix et de la durée. 65 % des clients veulent des produits locaux donc, aujourd’hui, tous les clignotants sont au vert pour s’investir dans ce type de démarche », souligne Laurent Ploquin de Leclerc.
Ne pas oublier la filière longue
« La chambre d’agriculture ne veut surtout pas opposer les systèmes de production. Notre objectif est de rassembler l’ensemble des producteurs de Loire-Atlantique. Cette charte concerne donc tous ceux qui veulent être acteur de leur territoire : producteurs, entreprises de transformation, organisations de filière, etc. La notion de volume me paraît en effet primordiale pour la souveraineté alimentaire française », confie Alain Bernier. De plus, François Guyot, en charge du dossier alimentation à la chambre d’agriculture, a souligné que « nous restons vigilants sur les circuits longs et la présence des produits français en grande surface ».
