Cette année, c’est au moment du semis que les sangliers sont passés en bande sur les parcelles de Philippe Thébaud, à La Paquelais et à Malville.
Au début, il n’y croyait pas. Lorsqu’un voisin l’a prévenu que ses parcelles de maïs, semées le 29 avril à La Paquelais, avaient été entièrement ravagées par les sangliers, Philippe Thébaud, éleveur laitier à Fay de Bretagne, a pensé que c’était une plaisanterie.
Une perte de 11 hectares sur 18
Mais lorsqu’il se rend sur place, c’est la désolation : là où les maïs auraient dû commencer à pointer, il ne reste rien : « Les sangliers ont tout labouré avec leur groin. Ils n’ont pas laissé un rang ». Philippe Thébaud n’est même pas au bout de ses surprises : après ces 6 hectares perdus à La Paquelais, il apprend qu’une autre de ses parcelles, semée à Malville début mai, a elle aussi reçu la visite des sangliers quelques jours après le semis : là encore tout a été dévoré.
Pour Philippe Thébaud, ce ravage total de sangliers, au moment du semis, est une première. Pourquoi des pertes si importantes cette année ? Philippe Thébaud en est réduit à faire des hypothèses : « D’habitude, je sème plutôt entre le 5 et 15 mai. Mais là, j’avais eu le temps de faire mes épandages de fumier, la structure du sol était bonne. »
Des facteurs défavorables
Le fait d’être seul à semer du maïs à cette période, dans un secteur où les sangliers sont présents (aux abords de la ZAD, non chassée depuis des années), a évidemment joué en sa défaveur. En outre, la chasse au sanglier est actuellement interdite: les sangliers ont donc tout loisir de se promener en bandes où bon leur semble, et ils ont faim !
Autre facteur cette année : la fin de l’enrobage direct des semences par un insecticide pour lutter contre les taupins. Cet insecticide rendait les semences beaucoup moins appétentes pour les sangliers.
Dès qu’il a connaissance des ravages, Philippe Thébaud prévient son syndicat, la FNSEA 44, la Fédération des chasseurs et le lieutenant de louveterie local. La Fédération mandate son expert le 15 mai, jour également où une battue administrative est prévue sur le secteur. L’éleveur devrait être dédommagé de ses pertes en semences et en coût de prestation, mais à présent il s’interroge sur la suite : comment resemer et être assuré que les maïs auront l’opportunité de pousser ?
Clôture, répulsifs ?
La seule solution qui garantisse contre les dégâts de sangliers, c’est la clôture. « Il faut une clôture spéciale avec du fil torsadé », explique Philippe Thébaud. Son souci n’est pas tant le coût de cet équipement, mais surtout son entretien : il faudra couper l’herbe dessous. Il craint aussi d’y perdre quelques rangs de précieux maïs.
Pour Denis Dabo, le directeur de la Fédération de chasse de Loire-Atlantique, les chasseurs ont pris toute la mesure des problèmes liés à la présence de sanglier. Et il reconnait qu’en cette période de semis, la Fédération commence à recevoir des appels semblables à celui de Philippe Thébaud.
+ 43 % de sangliers tués
Il reconnaît que les populations de sangliers sont abondantes. « Les chasseurs se sont beaucoup investis et ont tué beaucoup plus d’animaux ». En effet, sur la période de chasse 2018-2019 (qui s’est achevée au 31 mars), les chasseurs ont prélevé 5400 sangliers, soit 43 % de plus que l’année précédente (3600 prélèvements sur 2017-2018).
« Notre discours est sans ambiguïté : on comprend les agriculteurs et leur impatience, on a conscience du problème et on le gère ». Sur les moyens de prévenir les dégâts, Denis Dabo ne voit guère que les clôtures. Sur les répulsifs à base de piment, ou les effaroucheurs faisant du bruit, son avis est très nuancé : leur action risque d’être limitée, et leur coût trop élevé par rapport à leur efficacité…
Plus d'informations dans votre édition du 17 mai de Loire-Atlantique agricole.