Interview. Fabrice Voiton, président d’AS 44, revient sur le référentiel économique et financier 2020 des entreprises agricoles du Grand Ouest publié cet été.
>> A quoi sert cette étude économique et financière des entreprises agricoles du Grand Ouest ?
Fabrice Voiton : Pour rappel, cette étude a été réalisée en 2020 à partir des données issues de la comptabilité de 3014 exploitations suivies par le réseau AS*et en collaboration avec les chambres d’agriculture de 8 départements** du Grand Ouest. Ce travail analyse l’évolution économique et financière de seize systèmes de production. En tant que centre de gestion et de conseils, ces résultats nous sont très utiles. Leur analyse nous permet de mieux comprendre les tendances pour chaque production. Cela nous aide ensuite à mieux accompagner nos clients agriculteurs.
>> Quels enseignements peut-on en tirer ?
F.V. : Globalement, les revenus restent stables. Malgré le contexte sanitaire, les agriculteurs ont toujours travaillé. Pourtant environ 46% d’entre eux gagnent moins qu’un Smic net, soit moins de 15 000 € par an. Si on analyse le taux horaire moyen, c’est encore plus dérisoire. Parallèlement, les investissements nécessaires à leur activité sont de plus en plus importants. Avec l’augmentation du prix des matières premières, ils vont peser davantage sur les exploitations.
Le souci qui se pose derrière, c’est la question de la transmission, de l’attractivité du métier. Dans les cinq ans, la moitié des agriculteurs vont partir à la retraite. Comment inciter les jeunes à s’installer dans de telles conditions ?
>> Et les tendances par production ?
F.V. : La covid-19 a déstabilisé les marchés et la commercialisation de certaines productions tournées vers l’export ou la restauration hors domicile. C’est le cas du vin, du foie gras, du mouton, du canard ou encore de productions spécifiques comme le gibier ou la pintade.
En viticulture, le gel a aussi fortement impacté les rendements, notamment celui du Muscadet. Cet aléa climatique est récurrent : économiquement, c’est compliqué. Les résultats économiques du secteur maraîcher restent stables grâce à une météo porteuse en début de saison.
Les revenus des producteurs laitiers est stable alors que le prix du lait s’est amélioré. Cette hausse ne s’est pas traduite par une amélioration de l’EBE (excédent brut d’exploitation) en raison des rendements catastrophiques des céréales liés à une mauvaise météo.
En viande bovine, l’érosion des revenus (et de la consommation) se poursuit. En moyenne, ces exploitations dégagent moins d’un Smic net.
Les grandes cultures ont particulièrement souffert en 2020. Les rendements sont très faibles en raison de l’excès d’eau hivernal et toutes les céréales n’ont pu être semées. Heureusement en 2021, ces revenus devraient s’améliorer. Les moissons ont eu lieu et les rendements sont bons. Cependant, la hausse du prix des aliments pour le bétail risque d’impacter négativement les revenus des polyculteurs éleveurs si le prix de vente des produits (lait, viande) n’augmente pas.
Où trouver cette étude ?
Extraits disponibles pour six catégories de production : bovin, ovin/caprin, porc/volaille/lapin, grande culture, viticulture et culture spécialisée.
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* AS 44, AS 49, AS Normandie, AS CEFIGA 37, AS CEFIGA 72, AS Centre Loire, AS 79 et AS-AFAC.
** 16-37-41-44-49-50-72-79.
