L'Association des producteurs de lait des Pays de la Loire Bretagne Lactalis (APLBL) a tenu son assemblée générale, le vendredi 16 mars, à Rennes. Entre volontarisme des producteurs et sentiment d'attentisme de la part de l'entreprise Lactalis, difficile pour les éleveurs de se projeter sereinement.
Les attentes des producteurs sont fortes, aujourd'hui, de voir se concrétiser rapidement les intentions positives, issues des états généraux de l'alimentation, en actions concrètes. Dans ce contexte, débattre de la question de « Comment transformer ensemble les intentions pour créer et partager réellement la valeur au sein de la filière ? » était un sujet ambitieux de table ronde que les producteurs se sont donné. Car l'objectif central est bien celui de « redonner du sens à la filière laitière », insiste Fabrice Deshayes, président de l'APLBL.
Le renforcement du maillon Producteurs au travers du poids accordé aux OP (organisations de producteurs)/AOP (associations d'organisations de producteurs) en est un axe majeur. Serge Moly, du groupe Lactalis, a d'ailleurs souligné le rôle structurant des OP dans les échanges et travaux engagés à ce jour, en particulier sur la nouvelle formule de prix portée par l'Unell (Union nationale des éleveurs livreurs Lactalis).
Pour autant, les sujets de clivages persistent et inquiètent les producteurs. Les propos tenus par Serge Moly n'ont pas été de nature à rassurer.
Côté volumes, l'entreprise affiche toujours son souhait de réduire son exposition sur le marché du beurre/poudre par une réduction notoire de son volume contractuel global. Sans avancées actuelles sur de nouvelles modalités de gestion des volumes, le prisme « pas de volume / pas de prix » perdure.
« On ne peut partager la valeur que si on la crée. » Quand Serge Moly présente que « cela suppose de l'innovation, des investissements et donc l'adhésion à un cahier des charges entraînant une compensation », les producteurs, quant à eux, en attendent une réelle plus-value et pas seulement cette compensation. « Nous sommes à un tournant concernant les attentes de la société. Ces attentes ont une valeur qui doit revenir à tous les maillons de la filière et pas uniquement se résumer à un accès au marché. » C'est en ce sens qu'aux yeux des producteurs le socle de référence « France Terre de lait » doit, avant toutes autres démarches, contribuer à ramener de la valorisation sur le marché intérieur français. Cela doit nécessairement s'accompagner de la construction, somme toute normale, du prix du lait de l'amont vers l'aval en tenant compte des coûts de production des producteurs. Sur la segmentation à proprement parler, « ces démarches ne doivent pas être imposées. Pour que cela fonctionne, les producteurs devront être acteurs dans la rédaction des cahiers des charges », précise Claude Bonnet, président de l'Unell. La future loi sur l'alimentation doit conforter la refondation de la filière. « L'état doit être l'arbitre mais notre ministre est encore timide aujourd'hui sur le sujet » (en référence aux premières annonces sur le projet de loi post EGA), souligne Marie-Thérèse Bonneau, vice-présidente de la FNPL.
La juste rémunération des producteurs doit permettre à l'ensemble de la filière d'avancer dans la création de valeur. L'APLBL contribuera pleinement à atteindre cet objectif indispensable.