Les chiffres de l’enquête avicole présentés il y a quelques jours à Angers font apparaître pour la plupart des productions un maintien des marges poussins-aliments. Cependant l’augmentation des charges variables entraîne une dégradation des marges brutes.
Cette étude annuelle des chambres d’agriculture a porté sur 318 aviculteurs de douze départements (Régions Bretagne, Pays de la Loire, Nouvelle-Aquitaine Normandie et Nord pas de Calais) et un total d’un peu plus de 700 000 m².
Malgré une augmentation des indices des coûts de matières premières, les bons résultats techniques et la bonne productivité ont permis de maintenir les marges poussins aliments en 2018.
Les marges brutes se sont cependant dégradées du fait d’une augmentation des charges variables, notamment pour le poste énergie.
En effet l’augmentation du prix du gaz et de l’électricité s’est intensifiée en 2018.
Outre l’augmentation de prix, les consommations de gaz et électricité ont également tendance à augmenter, a souligné Christian Nicolas, de la chambre d’agriculture de Bretagne.
La mise en place de nouvelles exigences en termes de bien-être animal notamment, amène les éleveurs a chauffé plus leur bâtiment.
C’est pourquoi les éleveurs s’interrogent sur de nouvelles sources de chauffages ou techniques d’économie d’énergie.
Cette année est également marquée par une augmentation des charges fixes, s’expliquant par une hausse des annuités et autofinancements ainsi que des charges d’entretien/réparation.
Les plans d’aides (notamment PCAE – Plan de compétitivité et d’adaptation des exploitations agricoles) par un accompagnement financier ont permis de redonner une dynamique au parc bâtiment afin de répondre aux nouvelles « attentes sociétales » dans l’objectif de reconquête du marché intérieur.
Avec une moyenne d’âge de l’échantillon enquêté de près de 50 ans, la question du renouvellement des générations est primordiale.
Cependant, « les attaques de plus en plus fortes contre le monde de l’élevage et les oppositions par des tiers vis-à-vis des projets, ont des conséquences sur les installations avec des jeunes qui se posent aujourd’hui beaucoup de questions », a indiqué Sylvaine Dano, présidente du pôle Aviculture des chambres d’agriculture de Bretagne.
Une baisse du solde disponible
On constate une baisse du revenu disponible (en euros constants).
Si cette baisse se poursuit, la situation pourrait devenir inquiétante dans les années à venir a indiqué Christian Nicolas.
Ainsi, à partir de ces résultats, les hypothèses de calcul du solde disponible mettent en avant qu’il est délicat de s’installer en volailles de chair avec un bâtiment neuf, du fait de l’augmentation des investissements au mètre carré.
Pour le label, l’hypothèse « bâtiment neuf » fait ressortir un solde disponible proche de zéro.
Sur cette production, l’enquête fait ressortir une moindre progression des performances techniques par rapport aux filières standards.
En effet, les cahiers des charges encadrant la production, l’éleveur ne peut pas jouer sur un certain nombre de leviers (durée des vides sanitaires, âge à l’abattage…)
De plus la loi EGA (États généraux de l’alimentation) a eu un effet défavorable sur les labels, dont près de 50 % du volume était vendu initialement en promotion.
Les éleveurs sont aujourd’hui confrontés à des durées de vide sanitaire très longues.
Toujours plus de poulet importé
« On observe aujourd’hui une grande contradiction entre les attentes des consommateurs en matière de bien-être animal et leur acte d’achat, le prix restant le critère prioritaire » a souligné Isabelle Leballeur, présidente de la commission Avicole de la chambre d’agriculture Pays de la Loire.
Alors que la viande de volailles demeure la première viande produite dans le monde et que la consommation de poulet en France continue sa progression (+ 2,4 % sur le premier semestre 2019 par rapport au premier semestre 2019), les importations ne cessent d’augmenter, atteignant 45 % en 2018.
« Il est aujourd’hui primordial d’obtenir une obligation de l’identification de l’origine des viandes en Restauration hors domicile (RHD), mais également sur les plats préparés car l’on sait que le poulet présent provient en majorité d’importation », a précisé Sylvaine Dano.
« La volaille française apporte de nombreuses garanties au consommateur et une segmentation très large permettant d’apporter des réponses à une multitude de profils de consommateur. Aujourd’hui des efforts doivent être réalisés en termes de rémunération pour couvrir les investissements et favoriser les installations qui permettront demain de répondre à la problématique du renouvellement les générations », a conclu Isabelle Leballeur.