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Tronico se positionne dans la course au sexage dans l’œuf

Journaliste - Loire-Atlantique agricole
Le 10/02/2020 à 15:58 I Soyez le 1er à déposer un commentaire
Tronico se positionne dans la course au sexage dans l’œuf
Réussir, Pascal Le Douarin

Les ministres de l’Agriculture allemand et français ont annoncé leur volonté de mettre fin au broyage des poussins mâles de la filière poules pondeuses dès fin 2021. Toutefois, à ce jour, aucune technologie n’est prête à assurer, en routine, le sexage précoce de 180 millions d’œufs. L’entreprise Tronico travaille sur ce sujet depuis 2012.

Que l’on raisonne en matière de protection animale, ou de simple lutte contre le gaspillage alimentaire, la mise à mort, dès leur naissance, des poussins mâles dans les couvoirs fournisseurs de poules pondeuses a de quoi heurter les consciences. Dans un contexte où grandissent les préoccupations du public pour le bien-être animal, et où les images circulent vite et partout, le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume, a annoncé, le 28 janvier dernier, que le broyage des poussins mâles cesserait à compter de la fin de l’année 2021.

Un plan franco-allemand

Cette annonce a été faite dans le cadre d’un plan d’ensemble de lutte contre la maltraitance animale, qui comprend également la fin de la castration à vif des porcs. Elle se fait en lien avec le ministère de l’Agriculture allemand, qui prévoit la même interdiction. Ensemble, les couvoirs français et allemands éliminent aujourd’hui 90 millions de poussins chaque année.

Dans la pratique, pour éviter de devoir broyer ou gazer des poussins mâles à leur naissance, la solution privilégiée est le sexage dans l’œuf, avec élimination précoce des futurs mâles, avant toute apparition de vie sensible. L’alternative, l’élevage des poussins mâles pour leur chair, semble se heurter à des problèmes de rentabilité, en raison de la faible valorisation de l’aliment par ces animaux.

Sexage précoce dans l'oeuf

Si l’annonce de Didier Guillaume a un peu surpris tout le monde quant à la proximité de l’échéance, la recherche sur le sujet ne part pas de rien : à partir de 2015, FranceAgrimer avait engagé un programme de recherche de 4 M€ sur ce sujet. L’Allemagne, quant à elle, avait démarré un peu plus tôt, dès 2008, et a affecté quelque 8 M€ à ce sujet. C’est d’ailleurs un procédé allemand qui est aujourd’hui le seul à être réellement utilisé pour quelques produits commercialisés, plutôt haut de gamme (PouleHouse).

En France, c’est l’entreprise Tronico, basée à Saint-Philbert de Bouaine (85), qui a le plus d’expérience sur ce sujet : elle s’y intéresse depuis 2012, faisant des recherches d’abord sur ses fonds propres, puis dans le cadre du programme FranceAgriMer, incluant aussi deux laboratoires du CNRS.

Un défi technique et un potentiel économique considérable

Qu’est-ce-qui a poussé une « petite » entreprise vendéenne de conceptions de produits électroniques à s’intéresser à cette question ? Sûrement le goût pour les défis techniques et les origines agricoles de son directeur général, Patrick Collet, mais aussi la vision du marché, immense (2), qui pourrait s’ouvrir à toute technique de sexage capable de s’adapter au contexte industriel et ses cadences de 20 000 œufs par heure.

Dans ses travaux de recherche, et en lien avec ses partenaires, Tronico a d’abord exploré une méthode non invasive : la spectroscopie Raman (3). En se basant sur des milliers d’observations, Tronico a réussi à établir une différence entre les spectres réalisés sur les œufs mâles et ceux des œufs femelles. « La différence est significative, mais hélas, pas suffisamment déterministe », note Patrick Collet. En clair, il subsiste encore quelques mâles parmi les œufs éclos, certes bien moins nombreux, mais toujours trop au regard de l’ambition de supprimer totalement la mise à mort des poussins à la naissance.

Analyse d’ADN

« En 2019, devant la pression sociétale et médiatique autour de cette question, et constatant l’exposition médiatique de la solution allemande Seleggt, nous avons décidé de laisser de côté pour un temps cette solution non invasive pour développer une solution française concurrente à la solution allemande ». Heureusement, parmi les pistes explorées dans le cadre du partenariat français, une solution biologique était disponible : l’analyse de traces d’ADN sur un fragment de coquille.

«  Comme elle se base sur l’analyse de l’ADN, cette technique est 100 % fiable », décrit Patrick Collet. Elle le semble en effet davantage que la technique allemande de Seleggt, qui analyse des hormones sur un échantillon de liquide de l’œuf. Compte-tenu d’une assez grande variabilité interindividuelle des taux d'hormones, on estime qu’il peut rester quelque 3 % de mâles parmi les œufs sélectionnés, ce qui n’élimine pas totalement le problème. En outre, la technologie allemande ne parvient à sexer que 20 000 œufs par semaine et présente un coût élevé.

Booster le projet français

Persuadé que si on lui en laisse le temps, il parviendra à mettre au point une méthode fiable à 100 % et compatible avec les cadences et les coûts industriels, Patrick Collet défend donc farouchement le projet français, mais estime qu’il « ne pourra pas être prêt pour la fin 2021 ». A cette date, «  nous aurons peut-être un premier prototype ». Outre le temps, l’autre pilier des travaux de recherches est bien sûr l’argent : le directeur de Tronico ne cache pas non plus sa recherche de partenaires privés ou publics pour l’aider à attendre son but.




(1)    Le programme européen de lutte contre le gaspillage Food heroes (2016-2020) auquel participaient les chambres d’agriculture via l’AC3A, comportait également un volet sur le sujet.

(2)      Si l’Europe interdit le broyage des poussins, il est possible que d’autres pays suivent... Si l’on considère que chaque humain consomme la production d’une poule par an, cela ferait… 14 Md d’œufs à sexer !

(3)    Méthode d'observation et de caractérisation de la composition moléculaire qui exploite le phénomène physique selon lequel un milieu modifie légèrement la fréquence de la lumière y circulant.


 

   

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