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VIDEO - AG FNSEA 44 + JA 44 : Intervention de Loïc Bauthamy, Pays de Redon

Christelle - Webmaster Agri44 Loire-Atlantique agricole
Le 18/01/2019 à 15:33 I Soyez le 1er à déposer un commentaire
VIDEO - AG FNSEA 44 + JA 44 : Intervention de Loïc Bauthamy, Pays de Redon

A l'occasion de l'AG commune de la FNSEA 44 + JA 44, les cantons ont pris tour à tour la parole.

Ce soir, je vous demanderai de faire un effort d’imagination et de vous projeter dans un tribunal pour vous prononcer sur une affaire d’«agribashing».
 



Monsieur le Président, Mesdames et messieurs les Avocats, Mesdames et messieurs les Jurés, Mesdames et messieurs de l’assistance, tout d’abord, je dois vous rappeler les faits. L’affaire commence jeudi 8 mars 2018. Je finis vers 18h30 un traitement sur blé à base de fongicide et de manganèse. Il se dégage, lors de la pulvérisation, une forte odeur due au manganèse. Le samedi 10 mars, le facteur est passé et a déposé le courrier. Mélangée aux revues et aux factures, il y a une missive de la mairie. Je m’empresse de l’ouvrir pour y découvrir une mise en accusation pour pollution aux produits chimiques (courrier de la mairie). Sur le coup, la colère monte. Je leur promets une réponse mais ça sera pour plus tard. Je me donne un temps de réflexion avant de leur donner mes explications.
Le temps passe; déjà le mois de septembre est arrivé. Il me faut intervenir dans la parcelle pour y détruire les repousses : adepte de la culture sans labour depuis quinze ans, vu la flore, un léger coup de glyphosate s’impose. J’ai l’intuition que ça va être le jour des explications. Tel le pêcheur qui veut faire une belle prise, il faut appâter. Je décide donc de laisser en évidence les bidons de Roundup® sur la plateforme du pulvé. J’arrive dans ma parcelle (1,6ha).

La cérémonie ne va pas être longue : le matériel est conséquent. Le stratagème marche : au moment de plier la rampe, une jeune dame se positionne dans l’entrée de sa propriété. Le poisson est ferré. Je m’arrête sans difficulté le long de la route et une discussion s’engage avec son mari qui nous a rejoints. Une discussion sans gros mots mais avec préjugés et arguments : je suis face à des convaincus ; je suis en territoire ennemi ! Je vous livre quelques passages de la discussion.

Elle: «C’est vous qui avez pulvérisé des pesticides l’autre jour. Eh bien, j’ai eu l’odeur dans le nez et la bouche toute la nuit et toute la journée du lendemain!» Moi : «Ah doucement ! Tout d’abord, je m’excuse de vous avoir embêtée avec mon traitement mais sachez que l’odeur émanait du manganèse, que ce n’est qu’un oligo-élément et que si l’odeur a stagné, c’est parce que j’ai employé le produit dans de bonnes conditions : forte hygrométrie et absence de vent.» Moi: «Je vous remercie pour le courrier.» Elle: «Ce n’est pas que nous. C’est une décision du village.» Moi: «Ayez le courage de vos actes.» Il faut dire qu’un adjoint est un de leurs proches voisins et que nous n’avons pas forcément la même vision de l’agriculture. Puis j’apprends, aux hasards de la conversation, que monsieur est prof et arrive d’Irlande et madame travaille chez Khun et arrive du Canada. Moi: «Vous arrivez de l’étranger quand vous me parlez de pollution diffuse ! Sauf erreur, vous n’êtes pas venus à vélo. L’avion n’est peut-être pas neutre au niveau pollution ? Tout le monde en profite avec les retombées.» Lui : «Ça n’a rien à voir à la hauteur que c’est.» Je vois que j’ai pris trop de hauteur. Il va falloir la faire plus fine. Moi: «Vous êtes un jeune couple.» Eux: «Oui.» J’impose un temps de silence. Il ne faut pas que je me loupe. Moi qui regarde madame: «Vous prenez la pilule sans doute ?» Eux: «Oui. C’est un confort.» Moi: «Oh toi, y a la marche arrière ou les capotes !» Madame est gênée. Moi: «Il est vrai que quand on est dans sa petite intimité et pour son petit confort, c’est plus discret que nous, avec notre matériel et à la vue de tout le monde. Mais vous posez-vous la question sur les conséquences qu’il y a sur la qualité de l’eau et sur la faune avec les quantités d’hormones que vous avalez?» Elle, avec un ton embarrassé: «Je vois que vous avez des arguments.» Moi: «Quand vous êtes malades, que vous avez une angine, ne prenez-vous pas de médicaments, des antibiotiques? Vous ne comptez pas que sur la vitamine C des oranges pour vous guérir!» Lui: «Il y a l’homéopathie, les huiles essentielles et l’acupuncture.» Moi: «Ce qui soigne ce qui n’est pas malade, ça accompagne, ça renforce mais parfois, ça ne suffit pas. Faut taper plus fort… Pour mes cultures, c’est pareil: la nature ne fait pas tout bien; parfois, il faut l’aider. Les pesticides sont l’équivalent pour les cultures, à quelques nuances près, des médicaments pour les humains et les animaux.» Elle: «Je vois que vous avez des arguments.» Je vous passerai d’autres moments de conversation. Nous nous sommes quittés.

Madame partait faire ses courses au Héron bleu (magasin bio à Redon). Il est vrai que dans leur propriété – de belles surfaces –, je n’ai vu qu’un embryon de jardin potager, loin d’assurer l’autonomie alimentaire du ménage. Alors, oui, ce soir, suis-je coupable ? Eh non, comme certaines personnalités politiques, lors d’une affaire embarrassante, avaient dit «responsables mais pas coupables». Oui, je suis responsable d’avoir nui à mes voisins à cause de mauvaises odeurs : je m’en suis excusé et je ferai mon maximum pour que cela n’arrive pas de nouveau. Je suis responsable de faire mon métier au mieux de mes connaissances et de celles des techniciens qui me conseillent. N’ont-ils pas, comme moi, des agréments, des Certiphyto pour diagnostiquer, conseiller et vendre des produits phytos homologués? Remet-on en cause la légitimité du docteur et du pharmacien quand on met notre santé entre leurs mains et qu’on utilise les médicaments prescrits par leurs soins ? Non. Coluche disait: «Ça fait plaisir d’être compris par des gens qui comprennent des trucs qu’on ne comprend pas.» Beaucoup de consommateurs, aujourd’hui, veulent manger «naturel», sous-entendu «bio» mais naturel ne veut pas dire «sain». Prenons pour exemple les champignons. Ils sont naturels mais pas tous «sains». Certains sont mortels et l’Homme ne peut rien contre cela. Si on prend le blé à son état naturel, il n’est pas forcément «sain» – les mycotoxines et l’ergot, lui, peut être mortel. L’Homme sait le rendre «sain» mais là, il n’est plus «naturel». Les choix seront difficiles à faire. À choisir entre le médicament et la maladie, beaucoup d’entre nous font le choix des médicaments malgré tous les désagréments de ceux-ci. Pour conclure après toutes ces interventions d’une profonde réalité, il ne nous reste que deux alternatives : disparaître ou s’adapter. Pendant 38 ans de carrière, je me suis toujours adapté. Donc je vais rester résolument optimiste et croire en l’avenir. Pour finir, je vous livre deux répliques :
• celle d’un copain du service militaire : «L’affaire n’est pas belle mais elle va bien s’arranger »;
• et l’autre de Maria Bodin : «Mieux vaut se retrousser les manches que de baisser son froc.»

 

   

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