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VIDEO - Eleveurs et acceptabilité sociétale de l'élevage

Journaliste - Loire-Atlantique agricole - Agri44
Le 12/01/2018 à 17:15 I Soyez le 1er à déposer un commentaire
VIDEO - Eleveurs et acceptabilité sociétale de l'élevage

En réaction aux vidéos d'associations anti-viande, qui se multiplient dans les médias, les citoyens se posent de plus en plus de questions vis-à-vis de l'élevage et de la légitimité de la consommation de viande. Pour leur répondre, Bruno Dufayet, président de la Fédération nationale bovine (FNB), témoigne sur la nécessité pour les éleveurs de communiquer davantage sur les pratiques et sur les évolutions importantes qui ont eu lieu dans le métier.


Que pensez-vous des réactions des consommateurs qui considèrent que l'élevage français est trop intensif et peu respectueux du bien-être animal ? 

Bruno Dufayet, président de la FNB : Ces réactions montrent qu'il y a une vraie déconnexion entre ce que l'on fait dans nos fermes et ce que perçoit le consommateur. Plusieurs sujets remontent, avec énormément de questions sur la quantité de viande, la nécessité de manger moins et de manger mieux remonte. Nous, la filière française, nous rentrons dans ce schéma, mais à condition qu'on définisse le « mieux ». Car les consommateurs décrivent souvent un modèle d'élevage à deux vitesses, ce qui existe, mais à l'échelle de la planète et non pas à l'échelle de la France où l'élevage de bovins viande, c'est 60 hectares, 55 vaches, avec toujours ce rapport entre la taille du troupeau, l'espace disponible pour le troupeau, et l'humain qui suit le troupeau. Ces proportions garantissent un système de production à la fois vertueux, qui maintient le lien au sol mais favorise aussi le bien-être des animaux comme des éleveurs. 

Et pourtant, les gens semblent penser que les pratiques d'élevage étaient plus vertueuses avant… 

B. D. : Les gens ont l'impression qu'il y a plus d'atrocités qu'avant, et à ce niveau-là, on peut parler d'un vrai déficit de communication de la part des éleveurs. Moi, j'ai la même exploitation que mon grand-père, que mon arrière-grand-père. Par contre, les conditions d'élevage ont énormément évolué pour le troupeau. A l'époque de mon arrière-grand-père, les vaches étaient attachées pendant 6 mois, elles sortaient seulement matin et soir pour aller boire, elles étaient logées sur du pavé. Aujourd'hui mes animaux sont nourris matin et soir, ils ont de l'eau à volonté, on change la paille tous les jours… Les conditions d'élevage ont été améliorées dans le sens du bien-être.

Quelle doit-être l'attitude des éleveurs face à ce déficit d'information ? 

B. D. : C'est vexant de voir que les gens pensent que l'éleveur n'a plus d'intérêt pour ses animaux, alors que le souci du bien-être animal, c'est la clé de la réussite d'un élevage. C'est blessant, mais il faut dépasser ce stade pour rebondir et expliquer que l'on a tout intérêt à bien élever nos animaux. S'il y a controverse, c'est qu'il y a question, et s'il y a question, on se doit d'apporter des réponses. Aller au-devant des consommateurs, ça doit faire partie de notre métier aujourd'hui. Il faut aussi être en mesure d'étayer nos propos, en continuant à mener des études, investir dans la recherche et le développement, continuer à élaborer des chartes de bonnes pratiques et les exposer au niveau de la société civile et des consommateurs. Les vidéos L214 et des autres associations portent sur des exceptions dans les abattoirs, qui sont condamnables mais ne sont pas la majorité. On se doit, sur ces sujets d'aller expliquer ce qu'on fait, quelles sont les vraies pratiques des éleveurs, les vraies pratiques en abattoirs. Nous devons adopter une posture plus offensive sur ces sujets-là. 

Quelles sont les actions de la filière à ce niveau ? 

B. D. : A Interbev, nous avons fait le choix d'une logique de RSE. On s'engage dans un pacte à tous les niveaux de la filière, ce n'est pas du marketing, c'est un véritable engagement. Nous allons nous appuyer sur la norme ISO 26 000 et nous faire auditer et contrôler, la première évaluation aura lieu en janvier 2018. Il s'agit d'intégrer, à chaque échelon, ces enjeux sociétaux en matière de bien-être animal, de nutrition santé, de durabilité du système, mais aussi de faire entendre tous les rôles et services rendus à la société par notre filière. Nous avons aussi lancé une communication autour des viandes racées, à travers des petits films race par race, où les éleveurs expliquent leur métier au quotidien. Ces vidéos sont diffusées sur les réseaux sociaux, car nous avons peu accès aux médias. L'idée est d'être au plus près du citoyen, mais aussi au plus près de la réalité des pratiques sur le terrain.

Comment réagissez-vous face à des consommateurs de plus en plus nombreux à trouver que l'élevage d'aujourd'hui est trop intensif et pas assez respectueux des animaux ? 

Paul Auffray, président de la FNP : Cela traduit une mauvaise connaissance de l'élevage. Les gens ont perdu le lien avec l'agriculture depuis plusieurs générations et, vivant en ville, ils ont plutôt une vision bucolique de l'élevage, avec un imaginaire qui se rapproche de ce qui se faisait il y a plus de 50 ans : des animaux en extérieur, sur des modèles expansifs. C'est difficile d'expliquer aujourd'hui les évolutions du monde agricole. Forcément, moi qui suis né dans le milieu agricole et y ayant vécu depuis tout petit, quand on a vu toutes les évolutions, on a du mal à comprendre les réactions de la société. J'ai vécu toutes ces innovations, l'arrivée de la technologie dans les élevages, la suppression de la paille pour les caillebotis, la climatisation des bâtiments, l'augmentation productivité, forcément pour moi c'est naturel, mais pour les gens qui ne connaissent pas l'agriculture c'est plus problématique. A nous d'être aujourd'hui à la fois transparents et pédagogiques pour expliquer les évolutions de l'agriculture et de l'élevage en particulier, mais c'est difficile de renouer le lien et d'associer les citadins. 

Que font les producteurs pour répondre à ces attentes de la société ? 

P. A. : On voit bien que les gens sont en recherche d'authenticité, avec des animaux en extérieur, un retour à la nature, des produits de meilleure qualité, et on est en capacité aujourd'hui de répondre à ces demandes, notamment au travers de la segmentation de marché. Il est important de proposer des produits de différentes gammes pour répondre aux questions de pouvoir d'achat mais aussi à des marchés plus ciblés pour ceux qui ont des moyens plus importants et veulent des produits haut de gamme. Une des clés, c'est l'innovation, notamment en matière de processus de production. Avec les nouvelles technologies dans les élevages, on peut proposer des itinéraires de production sans impact sur l'environnement, et qui améliorent la qualité des produits, avec une sécurité sanitaire à toute épreuve. Les gens ont le sentiment que les produits d'autrefois étaient de meilleure qualité, je ne suis pas forcément convaincu de cette affirmation. 

Concrètement, comment faites-vous pour renouer ce lien et faire connaître vos bonnes pratiques ? 

P. A. : Le déclic pour nous s'est opéré avec les problématiques d'environnement il y a plus de 20 ans, quand nous avons été confrontés aux problèmes des algues vertes, des nitrates dans l'eau, et qu'il a fallu qu'on prenne ces sujets-là à bras le corps. Nous avons dû inventer des processus pour diminuer l'impact de la production et innover pour produire propre. La clé, c'est l'innovation, mais surtout la communication avec la société, car quand on parle de technologie, de vaccins, ce n'est pas toujours audible par le consommateur. Il y a deux moyens de le faire savoir : par les éleveurs, en capitalisant sur leur authenticité, et en s'appuyant sur l'expertise en communication de la part de cabinets qui, eux, ont tous les codes pour transformer le témoignage des éleveurs en message positif vis-à-vis de la société. On doit s'entourer de compétences en la matière car nous, en tant que producteurs, on n'est pas des spécialistes de la communication. Il faut absolument se faire aider pour avoir un message clair, compréhensible par le consommateur.


   

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