Adventices - Résistances d’adventices : le cas du ray-grass résistant

En France, le ray-grass (Lolium spp.) est l'une des espèces d’adventices les plus préoccupantes en raison de sa capacité à développer des résistances aux herbicides.

Résistances d’adventices : le cas du ray-grass résistant

La résistance des mauvaises herbes aux herbicides se produit lorsque certaines plantes survivent à un traitement chimique qui devrait normalement les éliminer. Cela se fait par sélection naturelle : les individus présentant des mutations génétiques leur permettant de tolérer les herbicides survivent et se reproduisent, entraînant l’apparition de populations résistantes dans les parcelles cultivées. Ce phénomène est souvent exacerbé par une utilisation répétée des mêmes herbicides dans les mêmes zones géographiques.

Le ray-grass est devenu particulièrement problématique à cause de son adaptation aux traitements. Plusieurs populations de ray-grass ont développé des résistances à différentes matières actives et modes d’actions très utilisés en France. Le groupe d’herbicides 1/A (les inhibiteurs de l’acétyl CoA carboxylase (ACCase)) et le groupe 2/B (les inhibiteurs de l’acétolactate synthase (ALS)) sont les plus fréquemment concernés par les résistances du ray-grass.

Face à l’émergence d’adventices résistantes comme le ray-grass, une gestion intégrée au niveau du système de culture devient essentielle. Cela consiste à combiner plusieurs méthodes de contrôle : l'alternance des cultures, le travail du sol, l’utilisation de nouveaux produits chimiques avec des modes d'action différents, et la prévention via la rotation des cultures. Il faut exploiter le maximum de leviers agronomiques et, ensuite, compléter avec la chimie.

La gestion préventive, par exemple le nettoyage des équipements agricoles pour éviter la propagation de graines résistantes, est également primordiale pour limiter la dissémination du ray-grass. Enfin, des stratégies comme l'utilisation de couverts végétaux ou l'interculture peuvent également aider à limiter l’impact du ray-grass en réduisant sa concurrence avec les cultures. Des faux-semis et du labour occasionnel réduisent le stock semencier. Les graines de ray-grass ont un taux annuel de décroissance de 75 %. Les graines enfouies à plus de 10 cm perdent donc leur capacité à germer.

La chambre d'agriculture, déjà engagée sur la problématique du ray-grass résistant, souhaite créer un groupe de travail d'agriculteurs dans le département. Ce groupe sera dédié à l’échange d’expériences et à la coconstruction. Des travaux expérimentaux démarrent cette année au nord de Nantes. Si vous avez des parcelles envahies par le ray-grass résistant et souhaitez participer à cette démarche collective pour trouver des solutions adaptées, n'hésitez pas à nous contacter dès maintenant !

Tiago LODI 
Conseiller Agronomie et Agroécologie
Ingénieur Réseau DEPHY Ecophyto
Mobile +33 (0)6 63 88 27 13