Écophyto 30 000 - Les stratégies gagnantes d’un groupe de viticulteurs pour réduire l’utilisation des phytos

S’engager vers une viticulture durable et respectueuse de l’environnement, c’est ce qu’ont fait une douzaine de viticulteurs du Thouarsais. En effet, ils ont rejoint en 2018 un groupe Écophyto 30 000.

Le dispositif Écophyto 30 000, via l’Agence de l’eau Loire-Bretagne, permet de financer une partie de l’accompagnement des agriculteurs pour produire plus durablement. La Chambre d’agriculture Pays de Loire et la communauté de communes du Thouarsais viennent compléter le financement nécessaire à cette démarche collective. Le collectif regroupe treize exploitations viticoles du Thouarsais sur environ 700 ha.

Des stations météo connectées et des OAD

Une des premières actions du groupe a été de constituer un réseau de stations météo mutualisé pour suivre précisément la pluviométrie mais également la durée d’humectation du feuillage nécessaire à une bonne évaluation du risque d’attaque de mildiou de la vigne. Ces données météo sont ensuite intégrées à des Outils d’aide à la décision (OAD). Ces outils permettent de croiser les conditions météorologiques et le cycle biologique du mildiou pour indiquer au viticulteur s’il est nécessaire ou non de protéger le vignoble. Des réunions téléphoniques hebdomadaires en saison permettent d’échanger sur les sorties des OAD et les stratégies retenues par chacun.

Cinq ans après, les résultats sont là ! En effet, cela a permis une réduction de 40% du nombre de traitements phytos. Dans le même temps, une réflexion sur le choix des produits a été menée. Le recours aux solutions de biocontrôle, d’origine naturelle, a augmenté de 30%. Cela se traduit également par un gain économique de près de 100 €/ha en moyenne sur les exploitations du groupe. Certaines exploitations sont allées encore plus loin en optant pour la pulvérisation confinée, qui permet de récupérer toute la pulvérisation qui n’atteint pas la vigne avec de nouvelles économies à la clé.

Une attention particulière portée à la vie du sol et à la biodiversité

Autre axe majeur pour le groupe, la préservation du sol et de sa vie biologique nécessaires au bon équilibre de la vigne. Ainsi, les viticulteurs du groupe se sont intéressés aux couverts végétaux et aux engrais verts pour limiter le recours aux herbicides et enrichir le sol de leurs parcelles. Féverole, avoine, pois fourrager, moutarde ont investi les vignes. Les échanges dans le groupe ont permis d’affiner la technique, les stratégies de semis, de gestion des couverts par roulage ou par fauche… Des réflexions sur le matériel ont également été nécessaires pour choisir les bons semoirs, voire adapter les semoirs dans certains cas. Lorsqu’ils sont nécessaires les herbicides ne sont appliqués que sur la ligne de souche et certaines exploitations du groupe ont fait le choix de s’en passer sur une partie ou la totalité de l’exploitation. Dans ce cas, l’entretien se fait mécaniquement par binages successifs au cours de l’année. Cette année, le groupe a pu assister à l’intervention d’une spécialiste des sols viticoles de la chambre d’agriculture Pays de Loire. Cette intervention a permis de partager sur les leviers pour préserver la qualité des sols et un bon enracinement des vignes pour un vignoble plus résilient. Pour préserver la biodiversité, le groupe organise également des rendez-vous d’observations des ravageurs dans les vignes pour évaluer la justification d’un insecticide. Cela a permis d’aboutir à une impasse de traitement sur 80% des exploitations du groupe.

Le groupe s’est réengagé en 2022 pour trois nouvelles années avec la volonté de poursuivre les efforts engagés et d’aller plus loin sur la conservation des sols mais aussi dans la maîtrise des émissions carbone pour une approche complète de la durabilité.

Guillaume Gastaldi, Chambre d’agriculture Pays de la Loire