Pascal Hamon-Béchu, président de l’Association syndicale autorisée des marais de Vue et de Tenu.
Comment gérer la jussie dans les marais ?
Notre marais s’étale sur 1 200 ha et quatre communes. J’ai une grosse suite de bénévoles mais de faibles moyens. Nous nous occupons des réseaux primaires et secondaires tous les ans. Je passe 62 heures par an avec mon râteau mécanique, puis une trentaine de bénévoles passent ensuite avec des crocs. Personnellement, je passe encore 22 heures pour mon réseau tertiaire. Chaque année, nous devons le refaire sinon nous nous faisons coloniser. Avec les températures douces, la jussie se développe encore plus. Si nous nous arrêtions, ce serait une catastrophe écologique et économique. Il n’y aurait plus de vie piscicole et des problèmes de circulation d’eau. Il faut vraiment mettre en place une dynamique de terrain pour continuer. Je voudrais mobiliser et motiver les jeunes agriculteurs pour qu’ils nous rejoignent.
Et les ragondins ?
Nos bénévoles assurent une bonne lutte contre cette espèce envahissante. Mais il faudrait une harmonisation entre les collectivités pour le piégeage. Nous voudrions que la prime à la capture atteigne au moins 3 €. Si un piégeur passe une demi-journée, cela ne couvre pas forcément ses frais, notamment d’essence.
La loi Gemapi a changé la donne dans la gestion des marais. Quelle est votre position sur le sujet ?
Nous avons tendance à perdre du pouvoir, nous les acteurs de terrain, alors que nous nous réglementons nous-mêmes sur le niveau d’eau. La loi Gemapi transfert la gestion des marais aux EPCI*. Mais nous voyons que c’est ingérable. Si demain les pêcheurs, les chasseurs, les associations environnementales s’en mêlent, ce ne sera plus gérable. Il faut que les marais soient uniquement gérés par les syndicats de marais sinon, ils ne seront plus entretenus.
*Établissements publics de coopération intercommunale
Delphine Cordaz