Emboitant le pas à la filière lait, la filière viande bovine s’engage dans un vaste plan de réduction de ses émissions carbone, lui permettant d’objectiver son impact réel sur l’environnement. Elle le fait à travers un programme européen : Life Beef carbon. Rencontre en Loire-Atlantique, dans une exploitation engagée.
Depuis 2016, le programme européen Beef carbon s’intéresse à l’empreinte carbone des élevages bovins viande et à son amélioration. Piloté par l’institut de l’élevage et associant toutes les familles professionnelles de l’élevage bovin viande (Interbev, les contrôles de performance, les chambres, les coopératives…), il s’étend sur quatre pays (France, Irlande, Espagne et Italie), comprend 57 partenaires et concerne plus de 2000 éleveurs.
Une rencontre à Mauves sur Loire
Pour mieux faire connaître ce programme, qui s’intègre dans le « plan carbone » de la filière bovine française, et plus généralement dans son plan de filière conçu après les EGA, la chambre d’agriculture a organisé une rencontre, le mardi 8 octobre, sur une exploitation participant au programme Beef Carbon, l’EARL Désormeaux, à Mauves sur Loire (44). Cette rencontre s’adressait en particulier aux partenaires des projets et aux institutionnels (coop, Interbev, Ademe, conseil régional….).
Vincent Lambrecht, chargé de mission viande bovine à la chambre d’agriculture des Pays de la Loire, a présenté les premiers résultats des diagnostics CAP'2ER : « La variabilité est très grande dans tous les systèmes ». Sur les seuls naisseurs (450 diagnostics), le niveau d’émission brutes varie de 9 kg eq CO2 à 27,7 kg eq CO2 par kg de viande vive, « mais 50 % des naisseurs se situent entre 16 et 20 kg eq CO2/kg vv. »
Améliorer la productivité améliore le bilan carbone
Dans le cas des naisseurs, comme des naisseurs-engraisseurs, ce qui apparait l’élément le plus discriminant entre les forts producteurs et les faibles producteurs de CO2, c’est la productivité. En naisseur, le premier critère sur lequel jouer pour réduire les émissions au kg de viande vive, c’est l’efficacité de la reproduction. En système naisseur-engraisseur, c’est surtout le taux de finition des animaux.
Dans les deux systèmes, l’alimentation est également un levier de réduction : les meilleures performances sont observées chez les éleveurs qui valorisent mieux les fourrages et les concentrés, et chez ceux qui peuvent allonger les durées de pâturage.
Diagnostic, plan d'action, réduction
Mickaël Désormeaux, chez qui se déroulait la présentation, fait partie des éleveurs du programme qui ont un plan carbone approfondi. Ses émissions nettes étaient de 11,4 kg eq CO2/kg vv en 2016, et, avec son conseiller, il a défini un plan d’action pour les réduire à 9,8 kg.
Son plan d’actions est constitué de quatre leviers : l’implantation d’un méteil pour réduire la dépendance au colza acheté ; la sortie des animaux plus tôt à l’herbe ; la diminution du nombre de vêlages (réduire la mortalité avant sevrage) ; la réduction des apports en ammonitrate. Chacun d’entre eux est mis en place progressivement, avec suivi par le technicien, et prise en compte des risques et difficultés.
Des fiches pour diffuser
L’évaluation des actions des 120 éleveurs comme Mickaël qui ont mis en place un plan carbone donnera lieu à l’élaboration de fiches techniques détaillées par l’Institut de l’élevage. L’objectif étant de pouvoir diffuser très largement les connaissances acquises, pour bénéficier à tous les éleveurs de bovins viande. Sur 10 ans (2013-2023), la filière bovine affiche son objectif de réduire son empreinte carbone de 15 %.
Plus d'informations dans votre édition de Loire-Atlantique agricole du 11 octobre dernier.
Pour en savoir plus sur le programme, cliquer ici.