Interview de Gérard Guérin, président de la SDAE 44
>> La proposition de loi portée par le Député André Chassaigne a été définitivement adoptée ce jour au Sénat. Les retraites des chefs d’exploitation à carrière complète atteindront 85 % du Smic, soit un montant d’environ 1 025€ par mois. C’est une belle victoire pour la SNAE et les SDAE de France ?
Une belle victoire oui ! Nous demandions cet alignement sur les 85 % du Smic depuis 2003 ! C’est une victoire importante dont nous devons nous réjouir. Il était profondément injuste qu’un agriculteur touche un minimum basé sur 75 % du Smic alors qu’un salarié bénéficie d’une retraite minimum calculée sur 85 % du Smic. Mais…
>> Une belle victoire mais… ? Il y a un « mais » ?
Nous ne sommes pas pleinement satisfaits. Cet alignement tant attendu est aussi source d’inégalité et d’incertitudes. Revenons tout d’abord sur le pas de temps d’application de la revalorisation. Nous réclamions son application au 1er janvier 2021 : la MSA l’avait déclaré « techniquement possible ». Pourtant, nous obtiendrons cet alignement « au plus tard en 2022 »… Doit-on y voir une décision électoraliste ?
>> Comment une telle mesure peut être source d’inégalité ?
Nous voyons deux points, qui rendent cette victoire un peu amère. Tout d’abord, la source de financement de cette revalorisation n’est pas définie. Le texte voté au Parlement ne prévoit pas de financement. C’est donc à nous, SNAE et Sections départementales, de veiller à ce que ce soit bien la solidarité nationale qui finance cette revalorisation conformément aux engagements du Gouvernement. Nous avons encore en mémoire la revalorisation à 75 % du Smic, en 2016, qui avait été au final en partie supportée par les actifs agricoles.
Enfin, la dernière déception c’est que cette revalorisation se limite aux carrières complètes de chefs d’exploitation. Sont mises de côté, les carrières incomplètes, les poly-pensionnées qui ont cotisé dans plusieurs régimes, les conjointes, les aides familiaux dont la pension minimum reste fixée à 555 € par mois. Ce qui est très largement insuffisant ! Au final, cette limitation exclut 100 000 agriculteurs retraités (196 000 bénéficiaires potentiels sur un total initial de 290 000).
La SNAE et conjointement la SDAE 44, ne pourrons nous réjouir complètement que lorsque ces injustices seront résolues. Notre combat syndical n’est pas terminé !