Bernard Lebeau vice-président du conseil départemental en charge du dossier Développement économique de proximité et économie sociale et solidaire nous présente les avancées sur les circuits courts et produits de qualité notamment dans la restauration collective.
Quel impact la crise sanitaire a-t-elle eu sur la démarche du conseil départemental pour œla promotion des circuits courts et d’une alimentation locale et de qualité” ?
Bernard Lebeau : Cette crise sanitaire a montré à quel point les enjeux de relocalisation de l’alimentation étaient importants. Les acteurs de la Loire-Atlantique n’ont pas attendu la crise sanitaire pour agir mais malgré tout, un changement d’échelle doit s’opérer pour répondre à une demande sociétale croissante, aux enjeux de la loi Egalim, et emmener plus de producteurs, transformateurs, distributeurs… La crise a également démontré tout l’intérêt d’une diversité des marchés que sont la restauration collective, les grossistes, les coopératives, la vente directe, etc. et d’une complémentarité des filières longues et courtes. Ces éléments justifient la nécessité d’une approche alimentaire plus globale. Le Département poursuit donc son travail sur l’introduction de produits locaux et de qualité dans la restauration collective qui a le pêché de ne pas être très vertueuse en matière d’approvisionnement local. Nous souhaitons amplifier le phénomène de circuit court et de produits de qualité dans ce secteur qui représente un marché potentiel estimé à plus de 100 M € par an pour les productions locales.
Qu’entendez-vous par « produits de qualité » ?
La qualité passe par la bio mais pas seulement. Elle comprend aussi les appellations, les labels, etc. Le Département, s’il prône et soutient l’agriculture la plus bio possible, il ne se limite pas à cela pour autant. Nous n’avons pas la volonté de tirer à boulets rouges sur les producteurs non bios qui font des efforts constants pour améliorer leurs pratiques. J’en suis le premier convaincu et le premier témoin. Il y a de l’envie partout donc nous sommes ouverts. Il faut que l’on construise avec tout le monde.
Comment convaincre les producteurs à s’engager dans cette démarche ?
Je crois que plus on réduira le nombre d’intermédiaires entre producteurs et consommateurs, plus les agriculteurs auront une chance d’augmenter leur marge. C’est cela que l’on essaie de prôner à travers cette démarche. Evidemment, nous n’allons pas sauver l’agriculture uniquement avec la restauration collective et les produits locaux mais ça aura le mérite d’apporter une plus-value pour les agriculteurs, d’offrir une alimentation de qualité aux consommateurs, de créer du lien social et de valoriser nos producteurs locaux qui ont besoin d’être reconnus et soutenus en ces temps où l’agribashing a malheureusement pris de l’ampleur dans certains endroits. Avec cette démarche et via le Réseau local, les agriculteurs peuvent aussi bénéficier d’un accompagnement de la chambre d’agriculture pour aller vers ce marché et pour développer des alliances locales avec les artisans et les établissements. Nous avons également mis des outils à disposition sur notre site Internet et nous soutenons divers projets d’investissement. Par exemple, en trois ans, nous avons accompagné quarante fermes pour des outils de transformation dans les exploitations. Les producteurs, individuels ou coopératifs, intéressés pour approvisionner la restauration collective peuvent s’inscrire dans notre annuaire.
Quelles sont les prochaines étapes ?
A présent, nous devons travailler la logistique pour faciliter le cheminement du produit jusqu’à la restauration collective. Nous avons lancé une grande réflexion pour se doter d’un outil d’approvisionnement. Cela passerait par la constitution d’une structure juridique pour centraliser les besoins. Nous comptons aussi faire appel aux plateformes déjà existantes, comme le Min Nantes Métropole ou la Fédération des Maraîchers nantais. L’objectif est de mettre en place cet outil d’approvisionnement mutualisé courant 2021. La cuisine centrale de Nantes Métropole s’est déjà montré intéressée par cet outil. Nous allons également nous pencher sur un sujet délicat : le marché public. Nous avons des producteurs et coopératives qui voudraient travailler pour des collèges ou d’autres structures publiques mais le code du marché public a des critères qui privilégient le prix plutôt que le local. Nous devons faire bouger les lignes à ce niveau-là – et ça passera par nos députés car ce sont eux qui les lois - car les règles du marché public nous limitent dans nos ambitions.