La Vigne numérique, association de startups nantaises du domaine du vin, a organisé son premier festival autour des multiples transitions du vignoble et du vin de Loire. Quelque 300 personnes, professionnels et grand public, ont participé à ce festival qui s'est tenu à Nantes les 11 et 12 octobre derniers.
Transition numérique, transition écologique et transition de consommation : le monde du vin évolue dans chacun de ses maillons. L’association nantaise La Vigne numérique, qui regroupe des acteurs de cette évolution, a souhaité s’en faire l’écho en organisant son tout premier festival, baptisé Transition.
Un vignoble ligérien en mutation
Ce festival s’est tenu les 11 et 12 octobre derniers, à Nantes, dans un lieu assez emblématique de la nouvelle consommation de vin, festive, qualitative et porteuse de sens : la Conciergerie du Front Pop’-Labo de quartier. Le Festival a proposé des rencontres entre vigneron.ne.s, professionnel.le.s et grand public, à travers des échanges, des dégustations augmentées par le numérique, des ateliers ludiques, le tout dans une ambiance musicale et conviviale.
Pour la première soirée, à laquelle une cinquantaine de personnes ont assisté, la parole a été donnée aux acteurs de la filière viticole ligérienne afin qu’ils évoquent leurs propres transitions. « Notre Vignole est en mutation. Il se passe de belles choses dans notre région et nous avons voulu en donner quelques exemples », présente Anne-Sophie Thomas, la présidente de l’association La Vigne numérique.
Une appli météo pour mieux traiter au cuivre
Pour illustrer la transition dans la production, trois témoignages de domaines locaux. D’abord, Vincent Lieubeau, du domaine Lieubeau (5 associés, Château-Thébaud, bio) a évoqué sa mise au point d’une application liée à la station météo connectée du domaine, pour sécuriser les traitements à la bouillie bordelaise : « En bio, nos produits sont lessivables. Avec la limitation de 4 kg de cuivre par hectare et par an, on se doit d’être hyper précis dans nos interventions ».
Ingénieur de formation, passionné d’électronique, Vincent a fait en sorte que les données météos issues de la station et de modèles publics, soient partagées sur tous les smartphones des personnels, sous une forme utile (prévisions, cumuls de pluies, aperçu global du millésime…),. « On a modernisé le petit carnet du grand-père et on a gagné en précision. En outre, le domaine reste propriétaire de ses données ». Pour les plus aguerris en informatique, Vincent Lieubeau propose son code gratuitement.
Un robot qui désherbe
Autre solution innovante : le robot de désherbage que Romain Malidain, du Vignoble Malidain (3 associés, La Limouzinière, en conversion bio) utilise depuis deux ans. Dans le cadre d’un partenariat avec Naïo technologies, il participe à la mise au point et à l’adaptation de cet outil pour les vignes (Naïo fait surtout des robots pour le maraîchage). Il est à ce jour le seul utilisateur en Vignoble nantais (il n’y en a qu’une dizaine en France).
Pour utiliser cet outil guidé par GPS, Romain a dû restructurer une partie de ses vignes pour les rendre « robot-compatibles ». Bien conscient que le « robot ne fait pas tout », le vigneron estime que le robot est très utile dans un contexte de « pénurie de main d’œuvre et de passage en bio ». L’outil travaille 8 heures par jour, sur 2,5 à 3 hectares.
Du « low-tech » pour l’écologie et l’économie
Moins électronique, mais tout autant représentatif de l’évolution des techniques de production : le système de panneaux récupérateurs de produit, présenté par François Luneau et Jérôme Dumanois, du domaine de la Fessardière (Vallet, bio). Issu d’une mise au point « maison » entre trois domaines voisins, ce système « low-tech » traite 3 rangs à la fois au sulfate de cuivre, tout en récupérant le produit non déposé sur les vignes. Cette récupération peut atteindre 50 % en début de saison. Outre le fait que les éventuelles nuisances aux riverains sont supprimées, cet outil, autoconstruit, reproductible, et qui nécessite peu de puissance, s’avère « économiquement intéressant ».
E-marketing des vins
La soirée d’échanges du festival s’est poursuivie autour des transitions en matière de marketing et de commerce. Ainsi, Carole Bretin, des domaines Landron (La Haye-Fouassière, bio) et Anne-Sophie Bodineau, du Domaine Bodineau (Doué-la-Fontaine, 49) ont évoqué leur transition vers une communication commerciale dématérialisée, via des outils de emailing.
Toutes deux utilisent un outil dédié, qui couple un mailing d’information (invitation à un salon, sortie d’un nouveau produit), à un bon de commande. Elles apprécient le gain de temps par rapport au courrier papier, le retour rapide et le côté « ludique » de l’outil. Si les Domaines Landron ont totalement abandonné la communication papier –« c’est un choix »–, le Domaine Bodineau garde encore une part d’invitations mises sous enveloppes.
Les deux commerciales soulignent que l’outil d’emailing doit être adapté pour rester personnalisé et « proche du client » et qu’il a un réel impact sur les ventes : depuis qu’elle l’utilise, Anne-Sophie participe à davantage de salons, tandis que Carole peut mieux « cadencer les lancements de produits, anticiper les stocks et lisser les expéditions ».
Plus d'information dans votre édition de Loire-Atlantique agricole, du 18 octobre