Jeudi 4 mars, la section régionale viande bovine a accueilli Bruno Dufayet, président de la Fédération nationale bovine, lors d’une tournée régionale. L’occasion de faire un tour d’horizon de l’action de la FNB en faveur du revenu des éleveurs. Le point avec Cédric Mandin, président de la section viande bovine de la FRSEA Pays de la Loire.
Face au contexte actuel, quel bilan faites-vous ?
Cédric Mandin : Lors de cette tournée régionale, il a été longuement question de prix, de négociations commerciales et du comportement de certains acteurs de la filière et de l’Etat. Et malheureusement, le constat est sans appel : la filière bovine reste fidèle à ses dysfonctionnements !
Concernant le Label rouge, le plan de filière prévoit 40 % en 2023. En 2017, il représentait 1,7 % de l’offre de viande bovine, 2,5% en 2019. Nous sommes loin des objectifs !
Contrairement aux idées reçues, la consommation globale de viande bovine augmente ; la légère baisse de consommation individuelle est compensée par l’effet démographique : +1 % en 2020, avec un produit phare, le steak haché. Un produit qui enregistre une progression de 25 % pour le surgelé et de 19 % pour le frais sur les quatre premières semaines de l’année 2021 par rapport à la même période en 2020.
Qu’en est-il du marché des jeunes bovins ?
C. M. : L’année 2020 a également été marquée par un stock de jeunes bovins, aujourd’hui assaini.
Certains acteurs de la filière ont eu des discours totalement alarmistes. Aujourd’hui, l’interprofession diffuse des indicateurs de marché chaque semaine. Ce type de discours disparaît des cours de ferme car les éleveurs ont l’information juste.
Par ailleurs, la FNB a obtenu un chiffrage précis du niveau de stock, finalement à un niveau plus bas qu’annoncé. Et aujourd’hui, on enregistre plutôt une avance de près de 1 000 jeunes bovins. Malgré ce contexte favorable à une revalorisation des prix payés aux éleveurs, il n’en est rien.
Quelles sont les attentes de la profession ?
C. M. : Pour faire avancer la situation, la FNB a multiplié les initiatives : rencontre des opérateurs, communication d’indicateurs chiffrés, proposition de créer une association d’organisation de producteurs pour le jeune bovin… Mais face à l’immobilisme de la filière, les résultats ne sont pas au rendez-vous. La loi EGAlim est un échec total en viande bovine. Il faut aussi mettre l’État devant ses responsabilités. Tout le monde s’assoit sur le plan de filière et sur l’autorité du ministre.
L’aide d’urgence débloquée par le Premier ministre pour le secteur de l’élevage est un premier signe de reconnaissance par le Gouvernement de la crise historique que traversent les éleveurs, mais n’est pas une réponse adaptée à la gravité de la situation !
Il parait indispensable d’imposer un prix minimum, sinon rien ne bougera dans la filière. C’est l’avenir des éleveurs et de l’élevage qui est en jeu.
Delphine Barel