La chambre d’agriculture vient de lancer un groupe de progrès en héliciculture. Retour sur leur première journée de rencontre avec Anne Oblin et Raphaël Poncet, producteurs à Cornillé-les-Caves (49).
>> Pourquoi avez-vous souhaité la création d’un groupe de progrès en héliciculture ?
Anne Oblin : On est peu nombreux sur le territoire français, éloignés les uns des autres et se rencontrer pour échanger sur nos techniques est toujours intéressant. Avec des thématiques calées collectivement en amont, des intervenants experts sur des aspects filière qui nous permettent d’avoir des documents partagés, des notes synthétiques pour progresser.
On vient de Bretagne, Normandie et Pays de la Loire avec des profils très différents.
Certains ayant une expérience comme moi, longue de plus de 20 ans et d’autres, jeunes installés comme Raphaël, débutent et sont en quête de repères.
>> Raphaël, en tant que jeune installé qu’en attendez-vous ?
Raphaël Poncet : De formation agricole mais plutôt en production végétale, débutant, j’éprouvais le besoin d’aller à la rencontre des confrères ayant les mêmes problématiques que moi. La thématique sur les coûts de production et les prix de revient à venir, m’a vraiment incité à participer. Basé sur la confiance, la transparence, le respect, l’échange en petit comité (douze) est optimal. Cela permet de ne pas se sentir isolé, d’optimiser ses pratiques. Une dynamique régionale s’instaure, sans jugement entre éleveurs. Le premier jour du groupe a été apprécié de tous, on s’est donné rendez-vous en juin, pour travailler sur l’approche technico-économique des outils de travail.
>> Pourquoi une journée d’échanges de pratiques sur le climat ?
A.O. : Face aux changements climatiques, on va tous devoir s’adapter. Émeline, l’intervenante de la chambre d’agriculture, experte en climatologie a réussi, à partir de généralités, à nous suggérer des axes de travail et à réfléchir sur des adaptations possibles chez nous. Elle nous a rassurés.
R.P. : On a rarement l’occasion d’avoir des données climatiques théoriques à l’échelle planétaire en lien avec notre activité quotidienne. Des zones de la planète sont bien plus touchées que nous, cela permet de relativiser. On n’a pas le choix, il nous faut penser notre élevage à long terme en implantant des haies, zones d’ombrage, miser sur la ventilation et l’orientation des parcs, avec des couverts végétaux résistants sur toute la période d’engraissement.
>> Quels sont les grands enjeux de la filière héliciculture française ? Les défis à relever ?
A.O et R.P. : Le marché de l’escargot ne progresse pas mais ne diminue pas non plus, on est entre 25 000 et 30 000 t consommées chaque année en France . Le gros vient de ramassages des pays de l’Est et de la Grèce. Il faut que les éleveurs soient en capacité, grâce à la professionnalisation de la filière française, de répondre à la demande des conserveries. L’escargot « Made in France » est un grand défi à relever.
L’enjeu est fort dans notre région où le climat est optimum comparativement à l’Est et aux Pays de l’Est. Il est produit environ 3 000 t/an d’escargots. La marge de progrès est large. Il faut des éleveurs qui commercialisent uniquement du vif.
Pour que la filière soit mieux reconnue, les éleveurs doivent progresser techniquement, sinon les conserveurs vont les absorber en mettant eux-mêmes les élevages en place, pour gérer la production de A à Z.
Mon utopie suprême (Anne) serait de structurer et de s’organiser de l’élevage à la transformation de l’escargot « de l’assiette au consommateur final » d’ici mon départ à la retraite. Je rêve d’une filière à grande échelle, avec des porteurs de projet professionnalisés. Il y a de la place à prendre à condition de bien faire et de mutualiser nos forces.
Nathalie Fourault
Chambre d’agriculture Pays de la Loire