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Semis d’automne : arbitrages et réflexions

Journaliste - Loire-Atlantique agricole
Le 14/11/2019 à 16:09 I Soyez le 1er à déposer un commentaire
Semis d’automne : arbitrages et réflexions

L’automne 2019 est le premier, depuis 5 ans, à être très pluvieux. Beaucoup d’agriculteurs, qui avaient choisi de peu ou pas travailler leurs terres, se trouvent contraints de revenir ponctuellement au labour. Mais ce n’est pas le cas de tous. Témoignages.

Charruer ou ne pas charruer ? Telle est la question qui se pose avec force cet automne à beaucoup d’agriculteurs ayant abandonné le labour. Pour certains, nombreux sans doute au vu des ventes actuelles de charrues et des demandes aux entreprises, la réponse est 'oui ' : faire un labour permet de ramener un peu de terre sèche en surface, et de semer, enfin, les céréales, dans les rares demi-journées ou journées sans pluie qu’offre la météo.

'Cette année, on ne fait pas du tout ce que l’on avait prévu'

C’est le cas de Guy Papion, agriculteur à Abbaretz, qui, en cette mi-novembre, sème son blé : « Semer après le 11 novembre, je n’en avais pas souvenir… Je crois que dans les années 1980, on a dû semer en décembre, mais c’est tout ». Après 20 ans de TCS (1), il a pris la décision de ressortir sa charrue : « Je ne l’avais pas vendue, elle est vieille, mais je me disais « ça peut toujours servir » ».
« Cette année, on ne fait pas du tout ce que l’on avait prévu ». Cette année devait être celle du passage au semis direct des céréales sous couvert, avec le tout nouveau semoir à disques qu’il vient d’acheter. « Le blé, c’est la culture qui nous rapporte le plus de marge. Nous sommes tard dans la saison, il faut semer ; alors, pour cette année, je laisse de côté la technique du semis direct. La terre est trop lourde ; et c’est d’autant plus difficile de passer le semoir que je n’ai pas pu implanter le couvert prévu. »

Labourer avec raison

Charrue et combiné de semis sont donc ressortis sur des terres qui n’avaient pas vu ce duo depuis une vingtaine d’années : « J’ai passé la charrue sur mes meilleures terres, qui sont bien structurées, justement grâce à l’abandon du labour. Je n’avais pas de flaque d’eau. J’ai augmenté la densité à 350 graines par m2 pour le blé, au lieu de 230 ; et à 400 g/m2 pour l’orge, au lieu de 220. Mais j’ai aussi réduit mes surfaces de céréales : je ne sème que 110 ha sur les 150 prévues ».
Guy Papion a choisi de ne pas labourer 40 ha de terres, qui n’auraient sans doute pas bien réagi au retournement : « On fera des cultures de printemps : maïs, tournesol, colza… on adaptera en fonction des terres ! J’essaye de ne pas avoir de dogme : je veux juste faire du bon boulot, dans les meilleures conditions possibles ».

Semis direct : bonnes pratiques et bons outils

A quelques kilomètres de là, sur la commune de Conquereuil, Gilles Gauvin n’a quant à lui jamais envisagé l’option labour. Certaines des terres qu’il cultive n’ont pas vu de charrue depuis 20 ans. Même s’il n’est installé que depuis 3 ans, il bénéficie du travail de son père qui avait opté, dès 1999, pour le semis direct. « Cette année-là, suite à un gros orage juste après les semis de maïs, il y avait eu beaucoup d'érosion sur le secteur. C’est pour lutter contre cette érosion, et par la même occasion économiser du temps de travail et du carburant, qu’il a choisi le semis direct. »
Responsable de l’association Base (2) pour la Loire-Atlantique, Gilles Gauvin travaille beaucoup ses rotations culturales : « La préparation de sol, je l'anticipe sur le papier par la gestion du trafic dans les parcelles, le choix des enchaînements de mes cultures (blé, colza, pois de conserve, maïs grain, orge de printemps et sarrasin), la répartition des pailles... De plus, j'implante systématiquement des couverts végétaux, que je compose selon le précédent et la culture suivante pour protéger le sol, fabriquer de l'azote gratuit et de la matière organique, et occuper l'espace : j'aime choisir mes adventices! ».

105 ha semés direct entre les gouttes... et sans ornières

Entre les gouttes, Gilles Gauvin a semé en direct ses 105 ha de céréales entre le 26 octobre et le 6 novembre, dans un parcellaire morcelé, pour moitié drainé, allant du limon sur schiste, aux argiles à 40 %. « Bien entendu, la qualité des semis était meilleure les quatre années passées. ¬ J’ai quelques marques de roues mais pas d’ornière, le travail est très satisfaisant au vu du manque de ressuyage. Les sols non labourés et couverts ont une bonne portance, une structure et une porosité verticales : ils absorbent beaucoup d’eau, je n’ai aucune flaque. En outre, le couvert végétal agit comme un tapis sur lequel je roule. Le matraquage du sol est très limité ».
Le bon état des sols n’est pas la seule raison pour laquelle Gilles Gauvin n’a pas eu de peine à faire ses semis directs cette année. L’autre raison, c’est le semoir à dents qu’il a construit l’hiver dernier. « La dent parvient à faire un travail correct là où un disque aurait lissé ». D'une largeur de 8m, il lui a permis d’intervenir vite : minimum 25 ha à chaque journée plus clémente, avec un tracteur léger de seulement 120 ch. Pour l’heure, les premiers blés semés sont à une feuille… Reste à savoir s’ils donneront d’aussi bons résultats que l’an dernier : « 86 q, preuve que l’on peut faire de bons résultats sans travail du sol ! ».


(1)    Techniques culturales simplifiées, ou techniques de conservation des sols
(2)     Acronyme de biodiversité, agriculture, sol et environnement, Base veut rendre concrète et opérationnelle l’agriculture de conservation. Ce réseau de compétences, qui rassemble des acteurs, –agriculteurs en majorité et quelques techniciens–, s’étend désormais à l’échelle nationale et compte 1200 adhérents.


 

   

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