Travaux dans les champs - Des rendements faibles

Les battages des colzas et des orges sont pratiquement terminés dans le département et les rendements sont moitié moindre qu’à l’habitude. Les prévisions pour le maïs ne sont pas très optimistes non plus.

Une année comme chaque génération en connaît une fois dans sa vie… c’est ce qui se dit de 2024. Les pluies incessantes depuis l’automne dernier commencent à livrer leur verdict sur les rendements. Et sans surprise, ce n’est pas terrible ! Alexis Lorge, agriculteur à Port-Saint-Père, fait le compte : « En colza, ce n’est pas exceptionnel. Je tourne autour de 15 à 20 q/ha, au lieu de 30 q sur la moyenne des cinq dernières années. Pour l’orge, ce n’est pas ça non plus pour mes voisins. Ils ont des rendements dans les 40 q au lieu de 55 à 60 q ». 

Le nord du département n’est pas mieux loti. L’entreprise de travaux agricoles de Pascal Lecoq (SARL Lecoq) intervient dans un rayon de 30 km autour de Moisdon-la-Rivière. Son premier bilan s’oriente vers une année catastrophique. « C’est infernal, ça n’arrête pas ! On a pu travailler un peu samedi et dimanche, deux collègues sont venus de Bretagne pour nous prêter main forte. Dès qu’on a la moindre petite fenêtre, il faut la saisir. Et encore, il faut attendre la fin de journée, vers 17 h, voire 20 h pour pouvoir démarrer. Les cultures sont sales et ne rendent pas. Heureusement cette année, on a investi dans du matériel performant avec des forces d’intervention de 9 m pour une machine et 10,7 m pour la deuxième, et un débit trois fois supérieur qu’une moissonneuse conventionnelle. Ce qui fait qu’on peut répondre rapidement. Ça tombe bien car on n’a pas beaucoup de temps de travail. On a une baisse d’activités car il y a eu moins de surfaces emblavées. Samedi et dimanche, on a pratiquement terminé les colzas et les orges. Très souvent, ils sont sales. Les colzas sont à 15 à 20 q de rendement au lieu des 35 à 45 q habituels. On est deux à trois fois moins en quantité que la normale. En orge, on est autour de 50 à 55 q. »

Les blés ne s’annoncent pas très qualitatifs

Alexis Lorge a commencé les blés en milieu de semaine, à la faveur d’une fenêtre météo favorable, mais l’optimisme n’est pas de mise : « Les épis ont noirci avec les pluies, ils sont bouffés par la maladie. Les grains sont secs. Le poids spécifique va être catastrophique avec l’eau. Je n’avais pas semé tous les blés, j’ai préféré m’assurer sur le maïs. Économiquement, ce ne sera pas une grosse année mais l’assurance va me permettre de passer le cap ». 

Les doutes sont les mêmes pour Pascal Lecoq.  « On a commencé le blé mercredi, ça ne semble pas si mal mais on risque d’avoir des poids spécifiques en baisse, avec des pluies en début de semaine qui ont sali les terrains. Quand une culture est claire et avec la pluie par-dessus, c’est favorable aux mauvaises herbes. L’humidité remonte et la machine n’aime pas avaler du vert. »

Beaucoup d’incertitudes autour des maïs

Pour Pascal Lecoq, « le maïs a du mal à se mettre en place et il n’est pas super développé ». Au sud de la Loire, il y a deux écoles chez Alexis Lorge, suivant la date des semis. « Pour les maïs qu’on a semés début mai, c’est plutôt bien avec l’eau qui est tombée même s’il manque de chaleur. Mais pour ceux semés en juin, ils souffrent plus. Ils se sont pris 100 mm d’eau au moment de la mise en terre. Il manque un tiers des pieds. Ce ne sera pas une grosse récolte. Pour le tournesol, ceux qui ont été semés plus tôt, en avril, ont du rendement. Mais, ceux semés après, avec une variété qui avait moins de potentiel pour récolter plus tôt, c’est impossible de dire ! »

Delphine Cordaz