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Loire-Atlantique : Protection des cultures - « Enfin, il était temps de nous écouter un peu »

Le 16/03/2023 à 14:55 I Soyez le 1er à déposer un commentaire
Loire-Atlantique : Protection des cultures - « Enfin, il était temps de nous écouter un peu »

Depuis quelques mois, le sujet fait fortement débat entre les agriculteurs et le Gouvernement. Une nouvelle stratégie nationale sur les produits phytopharmaceutiques et la protection des cultures a été annoncée par Élisabeth Borne lors du Salon international de l’agriculture. Le point avec Nicolas Favry, responsable Grandes cultures à la FNSEA 44.

Que pensez-vous des annonces faites par le Gouvernement lors du salon de l’agriculture en matière de protection des cultures ?

Nicolas Favry : Enfin, il était temps de nous écouter un peu. Nous alertons depuis maintenant plusieurs années sur notre souveraineté alimentaire. Il aura fallu attendre longtemps, entre la crise sanitaire de la Covid, réaliser que la guerre en Ukraine à nos frontières ne se règlera pas en quelques mois… et peut-être aussi quelques tracteurs dans Paris… pour que nos instances politiques réagissent. Dans les prochains mois, le Gouvernement veut identifier, parmi les 250 substances qui doivent faire l'objet d'un réexamen d'ici cinq à six ans, celles qui nécessitent un effort de recherche d'alternative supplémentaire. Il s'agit de produits susceptibles d'être retoqués par l'Anses ou de ne pas faire l'objet de demande de renouvellement, et pour lesquels il n'existe pas encore d'alternative bon marché.

Pour ces produits, un renforcement des moyens alloués à la recherche d'alternatives devrait être annoncé dans les mois qui viennent. D’ici l’été, la Première ministre a demandé que chaque institut technique et chaque fabricant de produits phytosanitaires prenne « des engagements clairs sur leur programme de travail des prochaines années ».

L’affaire n’est pas encore réglée mais c’est un premier pas. Nous avons un gros problème de surtransposition de réglementations qui nous empêche dans de trop nombreux cas d’avancer. Par exemple, l’une des alternatives au phosmet, le colza robuste (qui nécessite un apport d’azote à l’automne), se heurte à la directive œnitrates”.
 

Alors que faire lorsque l’on est agriculteur ?

Cela tient en trois mots : expliquer, se former, être vigilant.

  • Expliquer : nous devons continuer à communiquer et à expliquer au grand public ce que nous faisons. Par exemple, le contrat de solutions peut nous y aider. Certains préféreront expliquer leur métier à leur voisins, leurs proches tandis que d’autres s’exposeront sur les réseaux sociaux ou encore recevront des scolaires. Il n’y a pas de petites ou de grandes communications. Tout est intéressant.
  • Se former : s’informer, être curieux, innover. Il faut être à l’écoute des solutions que l’on nous propose. Toutes ne fonctionneront pas, c’est évident, mais le progrès ne se fait que par l’expérience et les essais. Beaucoup de moyens sont à portée des agriculteurs : de l’adhésion aux Geda en passant par  les webinaires techniques d’Arvalis et Terres Inovia accessibles gratuitement, etc.
  • Être vigilant, et de deux manières : il faut être vigilant et utiliser tout ce dont on peut disposer (adjuvent, buses anti-dérives, plantes tolérantes aux maladies). Mais il faut être aussi vigilant à ce que les techniques que l’on nous propose soient applicables tant sur le point technique qu’économique. Pas de suppression de produits phytosanitaires sans solution viable.

 

Si l’on se réfère uniquement à la presse générale et aux réseaux sociaux, on a vraiment l’impression que rien n’est mis en place et que les agriculteurs continuent à travailler comme par le passé sans se poser de questions. Qu’en pensez-vous ?

C’est bien le mal de notre époque. Tout le monde est médecin lors d’une crise sanitaire comme la Covid. Puis, tout le monde devient sélectionneur de l’équipe de France lors du mondial de football. Enfin, tout le monde est agriculteur ou agronome lorsqu’il s’agit de parler de notre métier. Je tiens à rappeler que, comme tout professionnel, nous nous formons et nous nous informons. Nous utilisons des produits homologués et respectons les préconisations. Nous sommes aussi vigilants dans nos pratiques. Nous avons de plus en plus d’outils pour nous aider à prendre la bonne décision au bon moment, ainsi nous utilisons les produits phytosanitaires à la bonne dose et lorsque cela est nécessaire. Je peux citer par exemple Quali’Cible. Cet outil d’aide à la décision (OAD) croise nos données parcellaires avec les données réglementaires issues de Phytodata.

Propos recueillis par Mathilde Besnier

   

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