Loire-Atlantique - A Pornic, les limousines séduisent encore

C’est en anticipant que Bernard Morantin a réussi à prendre sa retraite à 60 ans et à céder son exploitation à un passionné de vaches allaitantes.

Bernard Morantin, éleveur de limousines à Pornic en système naisseur-engraisseur, a pensé à sa retraite il y a quinze ans… à 45 ans. « Pour ne pas travailler jusqu’à 70 ans, il fallait que je me donne les moyens de partir au moment voulu. » C’est ce qu’il a fait de 2005 à 2010 en investissant pour avoir un complément de revenu. « Dans l’agriculture, vu le montant de nos pensions, je crois qu’il est préférable de faire l’effort d’anticiper. »

En parallèle de ces investissements privés, l’agriculteur a engagé des travaux de remise aux normes et a construit un troisième bâtiment de 800 m2 en 2005. « L’idée était de permettre au futur repreneur de continuer dans de bonnes conditions. » 

Bien décidé à arrêter à 60 ans, Bernard Morantin a réfléchi à la transmission de son exploitation en 2015. « Je trouvais ça dommage qu’elle puisse partir à l’agrandissement car le parcellaire est groupé, il y a des chemins d’accès que j’ai créés, un troupeau que j’ai sélectionné avec des animaux calmes, des bâtiments fonctionnels. »

En décembre 2016, il a donc suivi une formation sur la transmission à la chambre d’agriculture dans l’optique de céder sa ferme à son fils. « Il voulait la reprendre mais il n’avait pas la fibre animale et, ici, ce ne sont pas des terres à céréales. A l’été 2018, nous avons discuté et il a choisi de ne pas y aller même s’il aurait aimé que ça reste dans la famille. »

Dès septembre 2018, Bernard Morantin s’est inscrit au Répertoire départ installation (RDI) et a fait estimer ses bâtiments. Il avait laissé de la souplesse dans son annonce : vente du cheptel et du matériel sans obligation de tout acheter, location des bâtiments et des terres... « J’ai essayé de me mettre à la place du repreneur : c’est un investissement lourd donc je n’ai pas cherché à vendre au plus cher. »

Courant 2019, l’exploitant a rencontré une dizaine de candidats et a trouvé un acquéreur en juillet. A 41 ans et passionné depuis l’enfance, Christophe Pasquiet cherchait un élevage de bovins viande avec un système herbager. « La façon dont Bernard travaille est proche de ce que je veux mettre en place. » Au 1er décembre 2020, l’EARL 3 voies deviendra donc l’EARL Pasquiet. 

« Un climat de confiance s’est installé tout de suite », souligne Bernard Morantin. A l’automne, ils ont choisi les variétés de fourrage et de semences, ont défini les prairies à passer en maïs et « c’est Christophe qui a sélectionné les génisses pour la reproduction ». Habitant à 200 m de la ferme, Bernard Morantin compte « être présent sans être intrusif. Je serai là s’il a besoin de moi ».

Christophe Pasquiet le voit comme une aubaine : « Heureusement qu’il sera là car il va me falloir du temps pour connaître les animaux et les terres. Ses conseils et ses coups de main seront les bienvenus. »

Il a déjà l’idée de développer la vente directe en plus de la commercialisation en circuit long car « je pense qu’il peut y avoir des opportunités à Pornic, à 4 km de la mer, et qu’il est nécessaire de trouver des alternatives face aux prix d’achat des bovins peu élevés ».