L’unité de production de biométhane, Bioret Métha, basée à Nort-sur-Erdre, a été inaugurée ce vendredi 30 septembre puis ouverte au grand public le lendemain.
Tout est parti d’une problématique environnementale. Ayant des terres sur la zone de captage du Plessis-Pas-Brunet à Nort-sur-Erdre, le couple Bioret, Magaly et Bruno, a réfléchi à une solution pour allier maintien de la qualité de l’eau et pérennité de leur exploitation agricole certifiée Haute valeur environnementale (HVE) et composée de 360 ha de céréales de vente et de légumes (épinard, carotte, petit pois, choux de Bruxelle, flageolet, etc.). « Il y avait une volonté politique de protéger le périmètre autour du puits. Pour cela, il était nécessaire d’arrêter l’usage des produits phytopharmaceutiques. Nous y étions favorables mais il fallait que l’on trouve une solution face à ces contraintes de gestion de protection des plantes et de gestion de l’azote », explique Bruno Bioret.
L’exploitation agricole a donc modifié son assolement en implantant notamment 27 ha de silphie autour du puits (culture pérenne ; faible teneur en nitrate restante du sol après la récolte ; enracinement profond) et a changé la rotation de ses légumes. Auparavant, elle faisait deux légumes à suivre et une céréale. Aujourd’hui, elle cultive un légume par an et des Cive (Cultures intermédiaires à vocation énergétique) : du seigle en précédent d’un flageolet, par exemple, ou encore du sorgho avant un épinard. La surface totale de l’exploitation se divise ainsi : 50 % de légumes, 25 % de céréales (blé, orge, colza, maïs) et 25 % de Cive (seigle, sorgho, maïs lab-lab, et 12 % de silphie).
Un gisement d’environ 10 800 t
La réponse au maintien de la qualité de l’eau était donc trouvée. Et pour pallier les pertes économiques, le choix a été fait de valoriser les cultures intermédiaires grâce à une unité de méthanisation. La demande d’attestation de droit à l’injection a été déposée en septembre 2019 à la préfecture et la première injection de gaz vert dans le réseau s’est faite le 26 avril 2022. Pour présenter ce site de production de biométhane, des portes ouvertes au grand public ont été organisées samedi 1er octobre, au lendemain de l’inauguration officielle qui s’est déroulée en présence, entre autres, du sous-préfet Pierre Chauleur, des élus du territoire, du président de la chambre d’agriculture de Loire-Atlantique, Alain Bernier, ou encore de la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert. Environ mille personnes ont fait le déplacement.
Ce site va produire 150 Nm3/h de biométhane par an, c'est l’équivalent d’environ 80 % de la consommation annuelle de gaz de Nort-sur-Erdre. Directement injectée dans le réseau de distribution de gaz naturel qui alimente Nort-sur-Erdre, Les Touches, Sucé-sur-Erdre et la métropole de Nantes, cette énergie est créée par l’apport d’environ 10 800 t de Cive par an (environ 30 t par jour). 90 % du gisement provient de l’exploitation donc d’autres agriculteurs participent également à sa constitution, dont deux en agriculture biologique.
D’abord, les végétaux sont chargés dans une mélangeuse puis sont dirigés vers le digesteur. Ils fermentent pendant 90 jours à 40°C. Une partie se transforme en biogaz et l’autre en digestat. Le biogaz est épuré (séparation du méthane et du CO2) et devient alors du biométhane, équivalent au gaz naturel. Avant d’être injecté dans le réseau, il est odorisé, contrôlé et tracé. Le digestat, quant à lui, est épandu dans les champs comme engrais naturel. Une partie revient aux agriculteurs donnant des végétaux, et l’autre est épandue sur les terres de la SCEA de Landebroc.
Estelle Bescond