La méthanisation par couverture de fosse est une solution éprouvée qui peut répondre à des enjeux environnementaux et énergétiques dans un contexte inflationniste.

La méthanisation passive suit le même principe que la digestion anaérobie : dans une fosse de stockage, les effluents d’élevage sont isolés de l’air grâce à une couverture pneumatique lestée, agités et incorporés régulièrement. Dans ce milieu étanche, on produit un biogaz de qualité (60 % de CH4), brûlé en chaudière ou dans un moteur de cogénération. La particularité de ce système : pas de chauffage contrairement aux installations de méthanisation ; la méthanisation passive fonctionne en régime psychrophile, avec une variation de température de 10 à 25°C entre l’hiver et l’été. Cette technique produit moins de gaz, environ 60 % du méthane qu’aurait produit un lisier en laboratoire. En revanche, elle est très économe en matériaux et consommables.

Des gains environnementaux et économiques

Ce système s’intègre dans les démarches de modernisation et de réduction des gaz à effet de serre (GES), soutenues dans le PCAE. Il réduit les émissions d’ammoniac de 80 à 90 % pendant le stockage et évite le transport d’eau de pluie (réduction des frais de carburant). En brûlant le CH4 on supprime un GES 23 fois plus nocif que le CO2.

Quantités d’énergie produites

À l’échelle d’une ferme, ces quantités d’énergie sont conséquentes, mais il faut avoir des besoins thermiques au printemps et en été, mois où la fosse produira le plus de gaz. Selon les sites, des chaudières de 70 à 140 kW ou des moteurs de 20 à 40 kW ont été installés avec succès, sur des fonctionnements discontinus (quelques heures par jour, quand le gazomètre est plein).

Une méthanisation passive génère plusieurs gains : économies sur le transport, économies d’engrais (suppression des émissions d’ammoniac et minéralisation de 30 % de l’azote organique), économies d’énergie, vente d’électricité…

Flou réglementaire 

En 2021, l’arrêté ICPE 2781 a évolué et ne définit plus la couverture de fosse comme une méthanisation. La méthanisation passive n’est donc pas soumise aux contraintes ICPE, c’est un avantage, mais elle ne peut plus vendre de l’électricité sur le réseau (les tarifs d’achat biogaz BG16 demandent des récépissés ICPE). Depuis deux ans, le marché se limite donc à l’autoconsommation thermique, alors que les élevages bovins auraient des capacités de production d’électricité bien supérieures à leurs besoins. Ce flou réglementaire devrait être résolu en 2023 par un modificatif de l’arrêté tarifaire BG16. 

Opportunités de développement 

Ce type d’unité a un potentiel élevé dans les élevages porcins et veaux de boucherie de taille conséquente (supérieur ou égal à 250 truies) et il est optimal si la ferme possède une fosse ou géomembrane de 2 000 m3. 50 à 80 % des besoins en chauffage peuvent être couverts. Le coût total, entre 170 et 250 000 €, paraît compétitif face aux hausses des factures de gaz/électricité en 2022. Si la vente d’électricité devient possible, la méthanisation passive pourrait se multiplier dans les élevages laitiers de plus de 120 VL. 

 Sophie BENCHIMOL - Chambre d’agriculture Pays de la Loire