Un printemps 2020 très atypique.
Le suivi des mesures sur une majorité de fermes a été interrompu durant la période de confinement. Nous disposons donc pour le printemps 2020 d’un suivi complet sur dix exploitations. Les autres exploitations n’ont pas été mesurées entre le 15/3 et le 15/5. Sur l’ensemble du printemps, le cumul de pousse sur l’ensemble des prairies suivies s’établit à 5,1 t MS/ha contre 6,3 en moyenne, soit près de 20 % de moins. Même si le nombre de fermes intégralement suivies sur le printemps incite à la prudence dans l’interprétation, on constate un gradient Sud-Nord favorable aux exploitations du sud de la Région.
La Mayenne et la Sarthe ont particulièrement été affectées par le déficit hydrique du milieu de printemps. En Mayenne, par exemple, le déficit est de l’ordre de 40 % par rapport à la moyenne depuis 2000.
La mise à l’herbe retardée par la pluie
Dans beaucoup de situations, la mise à l’herbe s’est effectuée plus tard qu’habituellement. Ces sorties tardives sur des hauteurs d’herbe parfois élevées ont compliqué la gestion, obligeant parfois à des fauches importantes sur le circuit de pâturage. Les conditions sèches et venteuses ont ensuite fortement pénalisé la repousse, notamment sur ces parcelles fraîchement fauchées. Bien souvent, c’est la qualité des chemins davantage que la portance dans les parcelles qui a retardé la mise à l’herbe. Cette expérience doit inciter à investir dans des chemins de qualité qui seront le gage d’une exploitation de l’herbe facilitée en début de printemps mais aussi à l’automne.
Un fort ralentissement en pleine période de pâturage
La pousse a très fortement ralenti sur tout le mois de mai au cœur de la période de pâturage sous l’effet principalement du manque d’eau et des vents très asséchants. La complémentation en fourrages stockés à l’auge ou au champ a souvent été nécessaire pour pallier cet important déficit. Le trèfle blanc a également régressé dans les parcelles sur le mois de mai pour revenir de manière intéressante au mois de juin, bon présage pour la qualité de l’herbe d’automne.
Préparer le pâturage d’automne
Jusqu’ici la pousse se maintient à un bon niveau pour la période avec une moyenne à 26 kg MS/ha/j sur la première décade de juillet. Le niveau est hétérogène entre 0 et 45 kg MS selon les fermes. Quand il reste de l’herbe dans les parcelles, il faut la valoriser mais il faut être vigilant à ne pas surpâturer pour ne pas compromettre la reprise, en particulier dans les parcelles dominées par les graminées. La parcelle peut être encore verte sans qu’il y ait pour autant suffisamment d’herbe pour la faire pâturer.
Crépis, carotte sauvage et autres annuelles ou bisannuelles
Certaines parcelles sont aujourd’hui « envahies » de ces fleurs jaunes ou blanches. Elles apparaissent à la faveur de l’été et sans doute de manière plus importante depuis quelque temps sous l’effet des températures plus élevées. Il faut souvent relativiser leur importance visuelle à la biomasse réelle dans le fond prairial qui dépasse rarement 5 %. Un broyage ou une fauche peut être nécessaire pour faciliter ensuite le pâturage des animaux. Ces plantes vont plus facilement coloniser les prairies moins denses, abîmées par le piétinement ou les jeunes semis. Le semis en ligne des prairiales est un facteur favorable en leur laissant davantage de « trous » pour s’exprimer.