Billet de Mickaël Trichet, responsable de la section Viande bovine de la FRSEA.
Je n’ai pas la réponse à cette question. Mais ce qui est sûr, c’est que nous avons des enseignements à tirer du confinement et des opportunités à saisir.
Avec 57 % de la carcasse transformée en haché en 2017, la revalorisation de la viande pour haché est urgente. Une urgence accentuée par l’augmentation des vente de haché dans le contexte actuel : +27 % en frais et +47 % en surgelé sur la période du 16 mars au 31 mai, comparé à 2019. Interbev a conduit des travaux pour modéliser l’impact d’une revalorisation du haché sur le prix payé au producteur. C’est une première étape. Mais il nous faut maintenant obtenir que la revalorisation bénéficie à nous, éleveurs.
La fermeture des restaurants et de la restauration collective a eu des conséquences sur tous les maillons de notre filière. Aujourd’hui ces débouchés reprennent progressivement. La reprise de l’activité des restaurateurs, limitée en raison des protocoles sanitaires encore en place, doit s’effectuer sur une dynamique nouvelle, en réorientant massivement leurs approvisionnements alimentaires vers des productions françaises. Nous avons l’opportunité de nouer de nouveaux partenariats gagnants pour les citoyens qui souhaitent encore plus consommer français et gagnants aussi pour les éleveurs avec un prix prenant en compte nos coûts de production.
Ne nous leurrons pas, la crise Covid n’a pas révolutionné le comportement des acteurs de la filière. En début de confinement, certains affirmaient qu’il y avait des dizaines de milliers de jeunes bovins en retard de sortie. L’analyse de la Base de données nationale d’identification (BDNI) et des données d’abattage, réalisée chaque semaine, a montré que le stock était bien plus faible que prévu, même s’il est en constante augmentation. Les vieilles habitudes ont la vie dure, surtout lorsqu’elles sont mauvaises.
La crise a remis sur le devant de la scène l’enjeu de la souveraineté alimentaire. Dans son discours du 12 mars, le Chef de l’État a estimé que « déléguer notre alimentation était une folie ». Dimanche dernier, il a posé les bases d’un pacte productif par l’investissement dans notre « indépendance technologique, numérique, industrielle et agricole ». Après ces bonnes paroles, nous attendons les actes : enterrons les accords internationaux déloyaux tels que le Ceta et Mercosur !