[COVID-19] Loire-Atlantique - Les cuves restent pleines

Au Domaine Christian Gauthier, les clients reviennent mais, avec la récolte qui approche à grands pas, les interrogations sont vives sur les mesures de gestion des disponibilités.

Dans les vignes du Domaine Christian Gauthier à Saint-Hilaire-de-Clisson, les premières fleurs commencent à pointer le bout de leur nez. « La végétation a trois semaines d’avance. On commence les palissages alors que d’habitude, on les fait la première semaine de juin ! Avec le froid, elle ralentit un peu mais ça nous envoie sur un début de vendanges aux alentours du 20 août. » 

Pour les vignerons, il devient donc urgent que des mesures soient prises afin de s’organiser. « J’espère qu’une réponse complémentaire sur la distillation de crise va venir assez vite car avec ces volumes non vendus, les cuves restent pleines dans les caves et pour le moment personne ne peut s’engager à bouger du vin », explique Christian Gauthier.

La crise sanitaire a eu de nombreuses conséquences sur les exploitations qu’il a fallu gérer au fur et à mesure. « 65 % de mon vin est commercialisé en vente directe et tout s’est arrêté du jour au lendemain. C’est assez logique, les gens ont respecté le confinement. Avec l’annulation des salons et des livraisons groupées mais aussi celle des événements festifs et la fermeture des bars et restaurants qui représentent 50 % de nos ventes l’été, c’est un autre coup dur. »

Le retour de la clientèle

Au Domaine hilairois, les cinq associés et salariés ont dû s’adapter à cette situation : Christian Gauthier, sur la partie commercialisation en temps normal, est venu prêter main forte dans les vignes pour combler l’absence d’un salarié considéré à risque à cause de sa santé fragile. « Dans notre métier, l’avantage que l’on a, c’est que l’on travaille en plein air. Chacun s’occupe d’un rang donc le risque de contamination est très faible, voire nul. Les salariés se rendent directement dans les parcelles et on se voit seulement pour faire un point. » 

Côté financier,  Christian Gauthier estime une perte de 60 % de son chiffre d’affaires sur deux mois. L’exploitation viticole a donc eu recours au fonds de solidarité mis en place par l’Etat à hauteur de 1500 euros par mois. « C’est une aide directe, sans contrepartie, rapide et assez simple à obtenir. Le seul petit inconvénient est qu’elle est attribuée à l’exploitation et ne prend pas en compte le nombre d’associés. » Et s’est tourné vers sa banque pour souscrire à un prêt garanti par l’Etat. « La seule incertitude porte sur le taux d’intérêt. Il est garanti pendant un an. Mais si notre situation nous contraints de le consolider sur plusieurs années, on ne sait pas quel sera le taux. » 

Malgré ces questionnements et ces attentes, Christian Gauthier commence à voir du positif. Depuis le début du déconfinement, les clients reviennent au Domaine. « On nous dit que l’on ne nous a pas oublié. On sent que les gens ont envie de retrouver du lien social, de parler. De toutes façons, quand ils font le choix de venir directement chez un vigneron, c’est qu’ils aiment échanger. Avec le confinement, ils avaient perdu quelque chose, ça leur manquait énormément. Là, je vois qu’ils arrivent avec le sourire ! »